LA HARIELLE ET LE MARDRON

PAROISSE DE SAINT-VETERIN DE GENNES

 

 


La HARIELLE
, remarquable manoir seigneurial, comprenant un corps de logis couvert d’un toit à pavillon et, accolé dans un angle, une tour polygonale accueillant l’escalier à vis, était à l’origine surmontée d’une poivrière, remplacée par un toit plat, à une seule pente. Les grandes fenêtres à meneaux sont en partie murées. Le manoir ayant longtemps servi à l’usage agricole, l’entretien fut délaissé. Mais c’est ce qui a permis de sauvegarder des peintures murales du XVe siècle, découvertes en 1985 par le nouveau propriétaire.

Le bâtiment abrite également un souterrain refuge ; l’entrée se trouve dans la maison. La seigneurie relevait de TREVES et il en est fait mention dès 1088, appartenant à un Geoffroy de GENNES. Au XVIe siècle, elle passe à la famille LAURENS, d’origine bretonne.

 

Le MARDRON, ancien logis du XVIe siècle, avec douves en partie conservées voisine de la HARIELLE ; la tradition prétend qu’aux plus anciens temps, on y battait monnaie. Moins importante que la HARIELLE, elle se composait au rez-de-chaussée d’une seule pièce assez vaste. Elle était accostée d’un couloir qui servait de cage d’escalier pour monter à l’étage supérieur composée également d’une seule pièce.

Au XVIe siècle, le MARDRON fut l’objet d’une restauration dans le style de la Renaissance, par l’adjonction de l’escalier extérieur et d’un gracieux pignon-lucarne.

Les chartes de St Nicolas nous donnent les noms des premiers possesseurs connus de la seigneurie. Elles citent en 1116 et 1148 un Aimery de MERDRON et en 1482, Jacques de BRENEZAY, par sa femme, Renée de BOURNAN.


Plus tard, la HARIELLE et le MARDRON passèrent par contrat de mariage dans la famille de LAURENS, seigneur de JOREAU, qui les possédait encore avant la Révolution.

Voici ce que nous pouvons découvrir dans le dictionnaire élaboré par Célestin PORT, archiviste de la ville d’Angers au XIXe siècle, sur la seigneurie de la HARIELLE, en la paroisse de SAINT-VETERIN de GENNES, et relevant de la Baronnie de TREVES :

Ancien fief et seigneurie relevant de TREVES. Le seigneur était bienfaiteur de l’église Saint-Vétérin, et à ce titre, y avait droit de prières, et de sépulture, et toute prééminence, après son suzerain.

Le four à ban dépendait de la terre.

En est Sieur,

– Thibault des CLOISTRES, de CLAUSTRIS, 1271

– Jean des CLOISTRES, valet, 1374

– Jean TURPIN, 1435

– René de BOURNAN, 1550, sans doute mari d’une TURPIN

- Antoine TURPIN, 1560

– Sa veuve, Gabrielle DESURES, 1571

– Samuel PREVOST, 1574, mari d’Elisabeth TURPIN.

La terre passa vers la fin du siècle à la famille LAURENT ou du LAURENS, Sieur du JOREAU, et s’y conserve jusqu’à la Révolution.

La ferme est encore l’ancien logis seigneurial aux grandes croisées de pierre, mais tout mutilé. Dans la cour, j’y ai vu abandonné en avril 1875, un énorme bénitier octogonal en pierre dure, dont chaque pan est décoré d’une moulure cintrée portant au centre des colonnettes.

Voici un peu de chronologie des seigneurs de la HARIELLE :

  • En 1088, le seigneur est Geoffroy de Gennes

  • En 1090, Arraud, avec son frère, Albert, pour prévôt

  • En 1112, Hardouin de GENNES

  • En 1140, Geoffroy

  • En 1147, Mathieu

  • En 1290, Eudes de GENNES, chanoine de la cathédrale

  • Le cartulaire du Ronceray signale encore Hugues

  • Les LAUNAY de GENNES s’unirent à une Dame, Renée de BOURNAN, Dame de MERDRON

  • Sentence contre Thibault des CLOISTRES pour les dixmes novales de la paroisse de GREZILLE, dans les fiefs de l’ETANG et de HARIEL.

    Source AD 49 Côte : G 351

  • En 1271, ce seigneur se nomme Thibault des CLOISTRES. Un registre trouvé aux AD 49, sous la cote G 351, dont le folio 181 nous apprend un accord pour les novales des fiefs de l’Etang et de la HARIELLE, entre le Chapitre de l’évêché d’Angers et Thibault des CLOITRES, de CLAUSTRIS, Datum die jovis ante festum beati Mauritii anno domini M°CC° septuagesimo primo.







  • En 1274, Jean des CLOISTRES, varlet

  • En 1435, commence une succession des TURPIN qui s’allient à la famille de BOURNAN

  • Au XVIe siècle, la terre passe à la famille LAURENT ou du LAURENTS, sieur de JOREAU, et s’y conserve jusqu’à la Révolution.

SOURCE : monographie de GENNES rédigée par l’Abbé Alexandre BOURASSEAU.

 

 

Un registre, le 25eme tome du comté de TREVES, contenant les titres au soutien des droits honorifiques dans l’église de Saint-Vétérin de GENNES appartenant au Seigneur dudit comté de TREVES et au Seigneur de la HARIELLE en GENNES, nous donne d’intéressants  témoignages.

 

 

    Source AD 49 Côte : E 1344
  • Une transaction du 11 avril 1374, fait entre Guion DECORMEL, Prêtre Recteur de l’église de Saint Vétérin de GENNES et Jean de CLOUESTRE VALLEE, seigneur de la HARIELLE, par laquelle ledit seigneur a reconnu qu’il était dû audit Recteur, la rente de 12 setiers 6 boisseaux de bled, c’est à savoir, 4 setiers 2 boisseaux de froment, 4 setiers 2 boisseaux de seigle, 4 setiers 2 boisseaux de fèves, et 24 coterets de vin, le tout à la mesure de GENNES demandée par ledit Recteur, mais en récompensation de ce et pour l’augmentation et accroissement de ladite église, et pour être à tout temps, bienfait et prières d’icelle, ses prédécesseurs, et lui, et sa femme, Seigneurs de la HARIELLE….. Cette transaction prouve que celui-ci n’était qu’augmentateur et bienfaiteur de ladite église, et en récompensation, avait droit de prières et être ensépulturé en icelle. La dite transaction renferme le don fait audit Recteur de toutes et chacune des dîmes de bled et de vin à prendre audit seigneur de la HARIELLE, en ladite paroisse de Saint Vétérin de Gennes, à condition que ledit Recteur et ses successeurs ne pourront demander au temps à venir, ni dîme, ni autre redevance quelconque en tout le circuit de l’hôtel de la HARIELLE , comme il se poursuit et comporte en long et en large, sis au clos de vigne appelé vulgairement le clos de la HARIELLE, aux charges de tenir toutes lesdites dîmes dudit seigneur à 5 sols de franc devoir, chacun an, au jour de Saint Vétérin.



  • Source AD 49 Côte : E 1344


  • Une lettre patente du Roi de France, Charles VII, du 17 avril 1439, portant pouvoir à Robert LEMASSON, seigneur de TREVES, et à Jean TURPIN, seigneur de la HARIELLE, de transiger sur la concertation mue entre eux, en la Cour du Parlement.








  • Une autre transaction du 12 juin 1439 faite entre Robert LEMASSON, seigneur de TREVES et Jean TURPIN, seigneur de la HARIELLE.

    En préambule d’icelle, est dit, de la part du seigneur TURPIN, que la terre de la HARIELLE avait été baillé en partage à Jean du CLOUESTRE, par Guillaume du CLOUESTRE, seigneur de TREVES, pour la tenir de lui en parage. Porte en outre que ledit seigneur de la HARIELLE sera maintenu par celui de TREVES en possession et saisine de ladite terre de la HARIELLE et droits qui en dépendent, suivant et au désir de partage, possession immémoriale de lui et de ses prédécesseurs, sans qu’à l’avenir, le seigneur de TREVES ne puisse mettre ni faire mettre aucune armoirie, ni marque de seigneurie dans l’église de Saint Vétérin en ville de GENNES. Demeure audit seigneur de la HARIELLE, le droit de chasse dans l’étendue de la baronnie de TREVES, sans qu’à l’avenir il y puisse être troublé et empêché, excepté les garennes dudit lieu. Lesquels droits et terre de la HARIELLE seront rendus à l’avenir par aveu audit LEMASSON, à cause de sa baronnie de TREVES, pour un hommage lige à muance de seigneur et de sujet.

    C’est de cette transaction que lesdits seigneurs de la HARIELLE, ont prétendu pendant longtemps, avoir seuls les droits honorifiques et de fondation de ladite église de Saint Vétérin de GENNES ; ils invoquèrent cet acte dans toutes les instances à l’égard desdits droits ; mais les sentences, arrêts et autres titres n’ont eu aucun égard, parce que lesdits droits honorifiques et de fondation n’ont pu être séparés dudit Comté de TREVES à quelques titres que ce soit, au profit de ladite seigneurie de la HARIELLE, partie dudit Comté à titre de parage.

  • Source AD 49 Côte : E 1344
  • Une autre transaction du 19 août 1451, faite entre le Sieur curé de Saint Vétérin de GENNES et le seigneur de la HARIELLE, par laquelle le Sieur curé est tenu de dire tous les jeudis de l’année un subvénité et oraisons des défunts, sur la fosse des seigneurs de la HARIELLE, qui est dans l’église de Saint Vétérin, devant l’autel Saint Jacques, lequel autel est dans la nef de ladite église. ainsi que ledit seigneur de la HARIELLE n’avait donc pas droit de sépulture dans le chœur de ladite église.
    Cette transaction prouve que le seigneur de la HARIELLE n’avait pas droit de sépulture dans le chœur de l’église de Saint Vétérin ; il n’était que fondateur principal, augmentateur de la cure dudit Saint Vétérin en GENNES.


  • Une sentence du 13 décembre 1622 rendue en la Sénéchaussée de Saumur, confirmée par arrêt de nos Seigneurs de la Cour de Parlement, à Paris, du 12 mai 1629, adjuge au Seigneur, baron de TREVES, les premiers droits honorifiques dans l’église de Saint-Vétérin de GENNES, qui lui permet de faire choix et élection de tel côté que bon lui semblera, dans le chœur de ladite église, pour mettre son banc et désigner lieu de sépulture, et après lui, pourra le Seigneur de la Harielle, avoir et prendre lieu de sépulture dans le chœur de ladite église, et y mettre son banc, soit au-dessous de celui dudit seigneur de TREVES, ou de l’autre côté du chœur, de sorte que ce soit un pied plus bas que celui du Seigneur de TREVES. Permet en outre à ce dernier de mettre une littre de ses armoiries au-dedans de ladite église et au-devant de la grande porte d’icelle au-dessus de celle dudit Seigneur de la Harielle et encore de faire mettre une littre à l’entour du dehors de ladite église. Condamne ledit Seigneur de la Harielle d’oster ou faire besser et mettre au niveau du carreau en place du chœur, la tombe qui y est élevée, du côté où est le pupitre.

  • Autre transaction du 2 mai 1635, entre lesdits seigneur de TREVES et de la HARIELLE, par laquelle celui-ci s’est désisté de l’opposition par lui formée à l’exécution des arrêts obtenus par le seigneur de TREVES, les 12 et 19 mai 1629 confirmatifs des deux sentences rendues par Monsieur le Sénéchal de SAUMUR les 30 juillet et 13 décembre 1622, ensemble s’est pareillement désisté des requêtes civiles par lui obtenues contre lesdits arrêts et des lettres de révision aussi par lui obtenues contre une transaction du 13 mai 1614.
    Consent que lesdits arrêts et transactions sortent leur plain et entier effet de point en point, selon leur forme et teneur, excepté que le banc dudit seigneur de la HARIELLE, qui est proche de la balustre de l’autel de l’église de Saint VETERIN de GENNES lui demeurera ensemble tout le côté du chœur où est assis ledit banc et l’oratoire de la HARIELLE, lequel banc, toutefois le seigneur de TREVES pourra, si bon lui semble, faire baisser et relever de demi pied seulement, sans que ledit seigneur de TREVES puisse mettre aucun banc dudit côté, s’étant réservé et ayant choisi l’autre côté de ladite église, pour y placer son banc. C’est, en outre, ledit seigneur de la HARIELLE désisté, départi, et consent que ladite terre et seigneurie de TREVES, ses appartenances et dépendances, soient franches, quittes et exemptés du droit de chasse par lui prétendu, en conséquence de la transaction faite entre Robert LEMASSON, lors seigneur de TREVES, et Jean TURPIN, lors seigneur de la HARIELLE le 12 juin 1439.

  • Le 2 juillet 1647, acte d’assemblée des habitants de la paroisse de Saint Vétérin de GENNES, à laquelle assista le procureur fiscal de TREVES pour la conservation des droits de la cure et église dudit Saint Vétérin de GENNES.

  • Une procédure, entamée depuis le 23 juin 1725 jusqu’au 6 février 1726 nous apprend :
    à la requête de Monseigneur le Prince de Condé, Baron de TREVES, contre Messire Christophe COURAUT, prêtre, curé de Saint-Vétérin de GENNES, pour avoir par ledit Sieur Curé, le dedans des murs de l’église, fait effacer la littre et armoiries des anciens seigneurs, barons de TREVE, en les faisant couvrir de chaux vive et d’avoir en outre fait mettre une pierre tombale au niveau du carreau dans le chœur de ladite église du côté de l’évangile, directement dans la place réservée de tous temps pour lui Seigneur de TREVES et ses successeurs.

    Sur laquelle contestation a été arrêtée au Conseil de S.A.S Monseigneur le Prince, que ledit Sieur COURAUT fera rétablir la littre et nettoyer les armoiries de son Altesse, dans ladite église de Saint-Vétérin de GENNES, qu’il fera oster la pierre tombale qu’il a fait mettre dans le chœur à côté de l’évangile et rétablir ledit endroit en son premier état, le tout à ses frais et dépens.




  • Un extrait des aveux rendus à son Altesse Sérénissime, Monseigneur le Duc, par les seigneurs de la HARIELLE, à cause de la baronnie de TREVES, confirme la reconnaissance des droits honorifiques en l’église de Saint Vétérin de GENNES par le seigneur de la HARIELLE, au Baron de TREVES.







  • Un arrêt de la Cour de Parlement de PARIS le 2 juin 1761 nous apprend :

    par lequel est ordonné que le Sieur Curé de Saint-Vétérin de Gennes et ses successeurs curés de la paroisse recommanderont Messire Jean de STAPLETON, comte de TREVES et sa famille aux prières des Prônes de ladite paroisse, et qu’après lui et sa famille, ledit sieur curé et successeurs recommanderont aux dites prières Dame Geneviève Mélaine LECLERC DE BRION, veuve de Messire Pierre De LAURENT et ses enfants en qualité de Seigneur de la Harielle, maintient ladite Dame De LAURENT dans la jouissance de l’oratoire construit dans l’enfoncement du pilier du chœur de ladite paroisse du côté de l’épitre, sans pouvoir néanmoins lui donner plus d’étendue et sans préjudice des droits de primauté et prééminence appartenant audit Seigneur de STAPLETON, en qualité et Seigneur de TREVES, dans la dite église Saint-Vétérin de GENNES.

  • Le 19 août 1774, sentence de Monsieur le Sénéchal de SAUMUR, qui ordonne que le défaut d’inscription sur le clocher de la paroisse de Saint Vétérin de GENNES, des armoiries de Monsieur le Comte de TREVES, et de ses qualités de seigneur, haut justicier, direct et fondateur de l’église de Saint Vétérin de GENNES, ne pourra lui nuire, ni le préjudicier.

Source : AD49 cote E 1344

La transaction de 1614, sentence de 1622, arrêt de 1629, transaction de 1635 et autres, arrêt de 1761 confirment bien que les seigneurs de la HARIELLE ont reconnu les barons de TREVES, comme seigneurs ayant les droits honorifiques et de prééminence dans l’église de Saint Vétérin de GENNES, droit d’y faire mettre la litre, tant en dedans qu’au dehors, que sous leur autorité sont tenus les foires et marchés, qu’ils ont seuls le droit de faire tenir leur juridiction au bourg dudit GENNES.