LA PERRINE, UN FIEF OUBLIE…….

La seigneurie de la PERRINE, sise paroisse de SAUGE L’HOPITAL, relève de la seigneurie de MONTJEAN DE GENNES ; elle s’étend sur la paroisse de GENNES et celle des ROZIERS, le tout appartenant au prieur de CUNAULT.

Originairement, il était dû une foy et hommage pour la terre de la PERRINE et les dixmes en dépendant, et une demie foy pour le féage

Bien et FEAGE noble, dans la coutume d'Anjou, art. 31, et dans celle du Maine, art. 36, signifiait un héritage tenu en fief.

de GENNES et des ROZIERS ; depuis, il a été convenu qu’il serait rendu une seule foy et hommage pour le tout et le rachat et le cheval et demi de service, dus au seigneur de MONTJEAN de GENNES, ont été abonnés l’an 1443, à la somme de 20 livres à chaque mutation.

Cette terre de la PERRINE et féages à GENNES et aux ROZIERS sont une fondation faite au prieuré de CUNAULT par les seigneurs de MONTJEAN DE GENNES. Les actes de 1443 le reconnaissent ainsi de la part des Prieurs et des religieux de CUNAULT. Toutefois les titres de cette donation ne se trouvent plus ; on voit cependant que David de CHATEAUBRIAND avait fait cette donation au Prieuré de CUNAULT ; elle fut ratifiée l’an 1238 par Pierre de BEAUCAY, chevalier, et Isabelle de CHATEAUBRIAND, sa femme, seigneurs de MONTJEAN de GENNES ; en même temps, ils firent remise audit Prieuré de CUNAULT du cheval de service et probablement de la foy et hommage qui leur était due à cause de ladite terre de la PERRINE, suivant la donation faite par David de CHATEAUBRIAND, ladite remise faite au service divin, se réservant seulement 3 livres de reconnaissance annuelle, payables à GENNES. C’est l’amortissement de la foy et hommage, ainsi que l’on voit beaucoup de fief dépendant des églises, qui sont tenus en franche aumône au service divin. A ce moyen, ils ne sont point tenus de faire foy et hommage, mais seulement de rendre par déclaration.

On présume qu’Isabelle de CHATEAUBRIAND, femme de Pierre de BEAUCAY, était fille ou petite-fille de David de CHATEAUBRIAND, et que la terre de GENNES leur était échue de ce chef. Lesdits Pierre de BEAUCAY et Isabelle de CHATEAUBRIAND avaient une fille nommée Jeanne, mariée à Guy TURPIN II du nom, sire de CRISSE, lesquels ratifièrent la même année 1238, la fondation d’une chapelle dans l’église de St Martin de TOURS, faite par feu Guy TURPIN 1er du nom, son père ; on présume que la donation de la PERRINE faite à CUNAULT par David de CHATEAUBRIAND est du 12e siècle ; on peut en déduire que le seigneur de MONTJEAN DE GENNES est patron fondateur de l’église paroissiale de SAUGE L’HOPITAL, dont les Prieurs de CUNAULT sont curés primitifs, et décimateurs de la paroisse, ce qui ne peut leur appartenir que par l’effet de ladite fondation.

Les titres portent expressément que les Prieurs de CUNAULT tiennent et relèvent du seigneur de MONTJEAN DE GENNES, tout ce qu’ils possèdent dans la paroisse de SAUGE L’HOPITAL.

Depuis quelque temps, le Prieuré de CUNAULT a été réuni au clergé d’ANJOU ; le clergé a aliéné le corps de CUNAULT dont le seigneur de TREVES a fait l’acquisition ou pris à rente vers 1754 ; mais le clergé a conservé la terre de la PERRINE et ses dépendances.

Suivant les anciens titres, tels que la ratification de 1238 et autres postérieurs, il n’est point question de la demie foy et hommage pour le féage sis à GENNES et aux ROZIERS.

On voit que, nonobstant les dispositions de l’acte de 1238, les Prieurs de CUNAULT ont continué de rendre leur terre de la PERRINE et dépendances à la seigneurie de MONTJEAN DE GENNES, à foy et hommage.

Le fief de la PERRINE sis à GENNES se nommait communément le fief de CUNAULT.

Lors du transport du corps de CUNAULT au seigneur de TREVES, le clergé lui a remis par erreur les titres qui concernent le féage de la PERRINE ou de CUNAULT en GENNES et des autres propriétés de CUNAULT en cet endroit, tels certains droits de dixmes et rentes qui ne font point partie de l’hommage de la PERRINE et sont, selon les apparences, quelques fondations à CUNAULT ou acquisitions faites par les Prieurs. Ces dixmes et rentes à GENNES relèvent censivement d’ARGENTON ou des autres fiefs dépendants de la seigneurie de GENNES.

Le seigneur de TREVES forme la prétention que le fief de la PERRINE ou de CUNAULT sis à GENNES sont du corps de CUNAULT et font partie de l’hommage dû au roi au château de SAUMUR.

Il en résulte une difficulté ; le seigneur de GENNES exige que le clergé lui reporte ce fief sis à GENNES dans l’aveu de la PERRINE, en conformité des anciens aveux. Le seigneur de TREVES refuse de s’en séparer ; quoique par son traité, il doit expressément porter que le clergé se réserve la terre de la PERRINE.

Les titres au soutien de la mouvance de la terre de la PERRINE à la seigneurie de GENNES sont en grand nombre ; on rapporte par ordre chronologique ceux contenus en ce volume.