AUX PORTES DE GENNES-VAL DE LOIRE ET DE TUFFALUN….. COUR D’AVORT, AVORT, la CHENAIE, COUESNE, LAILLOU

 

Le plateau d’AVORT, point d’orgue entre GENNES-VAL de LOIRE et TUFFALUN, est un voyage dans le temps ; l’histoire abonde sur ce plateau ; les pages qui suivent vous en donneront un aperçu et vous inviteront certainement à franchir, sans vous en rendre compte, les frontières de ces deux communes nouvelles.

 

Partons à la découverte des hameaux du plateau d’AVORT……

 

Quelques témoignages du passé prouvent l’existence de l’homme, notamment un dolmen.

Plus tard, les Romains ont découvert le plaisir de vivre dans le Gennois et ont laissé derrière eux des traces de leur présence et de leur culture

Voici un témoignage de Célestin PORT, historien et archiviste du XIXe siècle, au sujet de ce dolmen à COUR d’AVORT

vis-à-vis, au pied déboisé du coteau, s’élève un beau dolmen, composé autrefois de huit pierres, dont une formant le fond, une sur le côté ouest, trois le côté est, dont deux sont tombées, deux autres le vestibule ; une dernière énorme et brisée en partie sert de toit. La paroi de l’ouest s’appuie au pied du coteau, où plongent les racines d’un antique noyer incliné qui l’ombrage.

Source : AD 49 Célestin PORT

Le plateau d’AVORT s’avère très riche en occupation de toutes les époques.

 

Au lieu-dit du Bois Malon ou Parc d’Avort, secteur situé sur le plateau d’Avort, en surplomb du hameau de la Cour d’Avort, six tertres en bon état de conservation ont été repérés ; ils ont été interprétés comme des tertres funéraires néolithiques

Source : Serge CASSEN, les tertres du plateau d’Avort en Maine-et-Loire.

Sous la direction de Laure Déodat, archéologue au CNRS, les membres de l’association AuGuRA ont arpenté des champs sur la commune de LOUERRE à proximité de Gennes. Sur ce site de prospection, plus de 4 000 objets ont été collectionnés : outils en silex taillés par les hommes préhistoriques, poteries gallo-romaines, tuiles romaines ; cette prospection a permis de mettre en évidence un grand site néolithique, situé à la source de l’Avort. Un site gallo-romain a été installé dessus.

Sur une très petite éminence surplombant la source de l’AVORT, une prospection a permis de déduire qu’il s’agissait d’un habitat rural de l’époque romaine, de presque 4 hectares. Il devait être formé de plusieurs bâtiments au vu du nombre de terres cuites architecturales et de leur concentration, ainsi que d’ateliers de travail du fer : 74 scories ont été ramassées. La forte proportion de céramique sigillée, le nombre de tessons de verre et le nombre de bâtiments nous font pencher pour un établissement rural de rang social élevé.

Trois fragments de sigillés avec decor, dont une estampille de potier, probablement MARCELLUS

 

Les types de sigillée permettent de dire que le site est occupé au moins à la fin du 1er siècle et au 2e siècle ap. J-C. Un as en cuivre frappé à Rome après 161 le confirme : le buste de Faustina Augusta est représenté à l’avers et l’allégorie de la fécondité au revers. Le site perdure encore au 4e siècle, d’après la céramique et quelques monnaies datées du début du 4ème siècle ; quatre sont à l’effigie de Constantin 1er et une de Fausta, épouse de Marc Aurèle. Une a été frappée à Londres et au moins deux à Lyon.

Des ateliers de travail du fer ont aussi été mis en évidence ; 74 scories ont été ramassées, de deux catégories différentes :

  • - Des culots de forge, marquant la présence du travail de forge ou d’élaboration
  • - Des scories cordées, attestant le travail de réduction du minerai et donc la présence d’un four.

Ce site antique perdure au Moyen-Age ; 101 fragments de poterie sont rattachés à cette période sur un espace de 10 000 m2

Définition de la Grande dîme de TURGIS : TURGIS est un ancien fief avec dîmerie levée dans la paroisse de ROCHEMENIER par le chapitre de Saint-Maurice d’ANGERS, et qui conservait le nom de Guillaume TURGIS, chevalier, qui les lui avait vendues en 1464.

Saint-Maur Sur Loire : abbaye de l’ordre de Saint-Benoît, de la congrégation de Saint-Maur, fondée en 542 par Saint-Maur, disciple de Saint-Benoît.

Le cartulaire fournit de précieux renseignements ; la société du Moyen Age y apparaît toute entière.

Les renseignements que les chartes contiennent sont d’autant plus précieux qu’ils ont été écrits sans aucune prétention historique ; non contentes de nous dire que tel évènement a eu lieu, elles indiquent presque toujours les circonstances qui l’ont amené et quelques fois même, les circonstances qui en sont résultées.

Un peu d’histoire sur l’abbaye de Saint-Maur Sur Loire et sur son cartulaire..

Ce monastère a été établi, dès le milieu du Vie siècle, en Anjou, sur la rive gauche de la Loire, dans un lieu nommé Glanne ou Glannefeille. Il en a eu pour fondateur le disciple bien-aimé de Saint-Benoït, Saint-Maur, dont, par un juste sentiment de reconnaissance et de respect, l’abbaye et la paroisse dans laquelle elle est située, ont adopté le nom depuis plus de mille ans.

Avec l’approbation de son souverain, il jeta à GLANNEFEUILLE les fondations d’un monastère digne de celui-ci, et qui fut terminé dans l’espace de huit années.

Ce monastère renfermait quatre églises, Saint-Pierre, Saint-Martin, Saint-Michel et Saint-Séverin.

Dès l’année 580, cent-quarante religieux y étaient installés. Saint-Maur, voyant son œuvre aussi avancée, résigna ses fonctions d’abbé et en investit Bertulfus, fils de leur bienfaiteur. Il se retira en 580 dans une cellule auprès de l’église Saint-Martin. Pendant deux ans et demi, il y vécut dans la contemplation Il rendit son âme à Dieu le 15 janvier 583 ; il fut enterré dans l’église et devant l’autel où il s’était agenouillé tant de fois.

L’abbaye continua à jouir de la protection des rois qui se sont succédé. Mais à l’avènement de Pépin le Bref, les choses changèrent ; ce comte dépouille le monastère de ses richesse, chasse les moines, le détruit jusque dans ses fondements, brûle une partie des titres….

Un siècle après, Saint-Maur fut reconstruit par un comte nommé Rorgon ; il donna aux religieux de riches domaines.

Charles le Chauve, roi des Francs, y ajouta, en 845, un assez grand nombre de terres dépendants des comtés d’Anjou et de Poitou.

Mais les Normands remontent les fleuves et rivières, envahissent les pays soumis aux descendants de Charlemagne. Saint-Maur, placé au bord du grand fleuve que sillonnaient les bateaux, fut l’un des premiers à recevoir la visite des farouches hommes du Nord. Et lorsqu’ils s’enfuirent, ils ne purent emporter que les ossements de leur saint patron.

Charles le Chauve les appela auprès de Paris, dans le monastère des Fossés qui prend le nom de Saint-Maur des Fossés, en mémoire du saint dont on y avait transféré les reliques.

Lorsque les moines virent le calme et la sécurité rendus à la France par l’établissement des Normands dans la province à laquelle ils ont donné leur nom, ils voulurent regagner leur beau pays d’Anjou. Ils réclamèrent les reliques, ce fut en vain.

C’est ce qui contribua à faire la richesse de Saint-Maur-des-Fossés au détriment de Saint-Maur de Glannefeuille

Elle perdit les domaines qui lui avaient été autrefois donnés, ainsi que les privilèges qu’elle avait reçus des rois, et devint un simple prieuré.

Saint-Maur de Glannefeuille ne reprit son ancien titre d’abbaye que dans la première moitié du XIe siècle. Le mérite de cette seconde restauration paraît devoir être rapporté à Regnaud, évêque d’Angers.

La VIIIe charte du cartulaire nous montre ce prélat profitant de la faveur dont il jouissait auprès de Foulques Nerra pour procurer aux moines les moyens de recommencer à reconstruire leur église et leurs habitations.

Beaucoup d’évènements jusqu’à la Révolution ; la guerre de Cent ans, les guerres de religion, la destruction ou le pillage du chartrier….

Mais à force de recherche, il fut possible de reconstituer le chartrier et d’y faire rentrer les pièces encore existantes qui se rapportaient aux domaines de Saint-Maur.

Tous ces titres sont passés en 1790 dans les archives du département de Maine et Loire.

Les chartes sont au nombre de soixante-sept ; la plus ancienne remonte à l’année 560 et la plus moderne paraît datée de l’année 1147.

Après ce court historique de l’Abbaye de Saint-Maur, une charte du cartulaire nous apprend que

le 21 octobre 845, Charles le Chauve, roi des Francs, à la prière d’Ebroïn, évêque de Poitiers, et archichapelain de son palais, donne au monastère de Saint-Maur de Glannefeuille, à titre de bénéfice et pour subvenir aux besoins des moines, diverses possessions situées dans le pays d’Anjou, à savoir, Bessé, une maison seigneuriale avec son église, consacrée à Saint Gervais et à Saint Proté, ses vignes et autres dépendances, plus dix facti 1 ………

Les domaines sont donnés avec toutes leurs dépendances, c’est-à-dire, colons, serfs, maisons et constructions quelconques, terres cultivées et incultes, vignes, prés, bois, pâturages, moulins, cous d’eau, droit de sortie et de retour, dans leur entier et tels qu’en jouissait Ithier, fidèle du roi. La donation est faite à la charge par les abbés de Saint-Maur de payer les nones et dîmes aux églises auxquelles elles sont due, de posséder les susdits biens conformément aux règles prescrites par la règle de Saint-Benoït et prier Dieu pour le roi et pour tout le peuple chrétien.

Ce diplôme est daté de Villa Noviente, près de Saint-Cloud.

Le 21 octobre 845, diplôme du même prince par lequel, à la prière du susdit Ebroïn, il donne encore à l’abbaye de Saint-Maur l’église de Gennes consacrée à Saint-Vétérin, qui y est inhumé, avec toutes ses dépendances ; plus six facti situés dans la terre de CANAVA, avec un manse seigneurial et diverses autres dépendances, pour en jouir en pleine propriété et avec pouvoir de les donner, vendre ou aliéner à quelque titre que ce soit, quand le monastère pourra le trouver avantageux. Daté aussi de Villa Noviente.

1 Mesure agraire très employé en Anjou au IXe siècle, mais dont la contenance n’est pas indiqué dans les chartes.