LA BARDINIERE 

Nous quittons SARREAU et prenons la direction de la BARDINIERE, un lieu riche en histoire et habitat troglodytique, notamment une demeure seigneuriale.

Ce château dut avoir primitivement une grande importance, si nous jugeons par les ruines plus ou moins bien conservés qui ont fait l’objet d’une étude spéciale de la part de Camille et Jeanne FRAYSSE, historiens locaux du XXe siècle.

Voici ce qu’ils nous apprennent dans leur ouvrage « les troglodytes en Anjou à travers les âges » sur la BARDINIERE.

Le curé BOURASSEAU signale : « le 15 juillet 1449, a été fondé dans l’église Saint-Nicolas de la Gennevraye, un service pour le repos des âmes de feu Messire de RAZILLY, chevalier, seigneur de la BARDINIERE,  et de Marguerite du BREIL, son épouse…. »

Dans les archives du Maine-et-Loire, il est fait mention du nom de son gendre et successeur : « Jean de MONTPLACE d’une vieille famille de l’Anjou, qui tirait son nom du fief de MONTPLACE en la paroisse de JARZE, était seigneur de CHAMPAGNE  et le devint de la BARDINIERE par son mariage avec une fille de Jean de RAZILLY et de Marguerite de BREIL, sieur et dame de la BARDINIERE ».

Jean de FAUTRAS était le seigneur dudit lieu en 1552. En 1766, le domaine appartenait Messire DUVAU de CHAVAGNES, sieur de la BARDINIERE.

Enfin, Célestin PORT mentionne seulement « en est sieur, Louis MARAIS en 1719.

Le chemin encaissé nous amène, après une brève montée, à la BARDINIERE, premier logis situé main gauche.

Dans la très vaste cour, deux bâtiments récents, l’un à gauche, l’autre à droite dans le fond, masquent en partie les entrées les entrées de caves orientées vers sud-ouest.

Photo François RENAULT : Cave exterieure

Des anciennes façades taillées à flanc de coteau dans la roche, il ne reste plus grands vestiges. Les éboulements, les modifications apportées au cours des âges les ont transfigurées. Les ouvertures rectangulaires sont banales. Seule, une petite fenêtre du XVe siècle, éclairant un logis en partie creusé et en partie construit, subsiste intacte, coiffée de son accolade.

Tout près, un pan de la roche, dans laquelle était pratiqué un habitat, a mis à nu, en s’écroulant, l’intérieur d’une salle. Sur l’une des parois, on y voit creusé une niche de la dimension et de la forme d’une arquebuse. C’était l’armoire où le maître de logis rangeait son arme à feu.

PLAN LA BARDINIERE

L’étonnement grandit quand on vous conduit vers le fond central de la cour à une rampe très brève. Une excavation de 2.50 m de large, longue de 2 mètres, dénivelle de suite le sol de 3 mètres et vous révèle une porte d’entrée monumentale (1m75 de large et 2m de hauteur) appareillée, de pur style roman, dont les pieds droits arrondis supportent un bel arceau en plein cintre avec moulures de l’époque.

 

Cette porte franchie, on pénètre dans un tunnel (a) de 3 m de largeur, dont les parois sont appareillées. La voûte, également appareillée en berceau roman, est effondrée ; seuls, des départs en subsistent. Tout de suite à droite s’offre une porte B de même style, de taille normale (1 m 75 de hauteur et 1 m de largeur) ; elle donne accès à une salle rectangulaire (b) de 7 mètres de longueur. prolongée par une excavation elliptique dont les diamètres sont 6 et 3 mètres. Au-dessus de la porte, en côté sur la droite, une lucarne ébrasée vers l’extérieur (0 m 20 d’ouverture à l’extérieur et 0.15 m à l’intérieur) a son conduit taillé dans la roche qui se dirige obliquement vers la lumière du jour.

Depuis l’entrée jusqu’à l’endroit où nous nous trouvons (porte A), sur une longueur de 3 mètres, le sol s’abaisse encore de 1 m 50.

A environ 6 mètres de l’entrée, le souterrain est rétréci par une deuxième porte C. Son arc roman repose sur les parois de la craie tuffeau, faisant office de pied droit.

Photo François RENAULT : PORTE D'ENTREE

Si nous suivons le tunnel en ligne droite, il nous conduira vers d’immenses salles situées au fond, à droite, à gauche, dont la voûte est parfois crevée. Elles n’offrent plus maintenant aucun intérêt du fait des chutes d’énormes  blocs qui en ont totalement modifié les dimensions et l’allure primitives. A signaler toutefois au plafond de l’une d’elles, foré dans la voûte, à trois mètres du sol, l’existence d’un puits vertical, en forme de tronc de pyramide, dont les parois sont symétriquement creusées d’excavations, destinées au logement de barres en bois formant échelle, et ayant permis, à l’aide d’une échelle mobile, une évacuation rapide sur le coteau.

Revenons sur nos pas ; nous nous trouvons en présence, après avoir franchi quelques mètres, d’une autre porte monumentale D de même style et de mêmes dimensions que la première. Elle donne accès à un autre tunnel dont le sol est situé à 1 m 75 au-dessous de celui que nous venons de quitter. Nous sommes donc, compte tenu de deux dénivellations déjà mentionnées, à au moins six mètres au-dessous du niveau de la cour. Un vantail en bois devait aveugler les portes A et D, car sur les côtés de jambage face à face sont distribuées des entailles profondes destinées au logement des barres de fixation.

Photo François RENAULT

Sur un sol bouleversé par les chutes du plafond, des parois, nous franchissons cinq mètres environ en direction sud-est. Le souterrain s’incline alors à droite sur une longueur sensiblement égale (salle E), et sa voûte de 3 mètres de hauteur, intacte en cet endroit, est taillée en arc brisé que complète un arc double de même style, donnant accès au tunnel ascendant, connu dans le pays de « Caves aux treize arches ».

Photo François RENAULT : ESCALIER VUE DU HAUT

Ses trente mètres de longueur (1 m 80 de large) comptent en effet quatorze arches partageant l’espace en treize entr’arches.  Monumental, de grande allure, il offrait, en direction sud-est, une sortie à flanc de coteau. La première partie, longue de 8 m 50, soutenue par six arcs, est plane ; la seconde en compte huit. C’est un escalier pourvu de marches, actuellement brisées ou ensevelies sous un sédiment formé par les terres glissées du haut et les pierres arrachées au sol par les chercheurs de trésors.

Photo François RENAULT :ESCALIER VUE DU BAS

Construite d’une façon remarquablement soignée, savamment conçue même, pourrions-nous dire, aux changements de niveaux, haute de 2 m 25, la voûte est en berceau longitudinal, plein cintre, moyen appareil. Les parois sont appareillées également.

 

Le spectacle, en vue plongeante ou ascendante, de l’architecture de ce tunnel, ne laisse pas d’étonner. Le grandiose s’allie à la grâce. L’exécution de l’œuvre est parfaite, les proportions en sont harmonieuses et heureuse la distribution de ses arcs élégants, chanfreinés.

Ces derniers ne sont pas tous pourvus de pilastres. Neuf sur quatorze en possèdent, dont la base est talutée. Les six autres n’ont pas de support. L’extrémité de ces arcs doubleaux va se noyer de part et d’autre dans la maçonnerie des parois.

Photo François RENAULT : PETITE NICHE TRILOBEE

Dans la partie plane ‘8 m 50 de longueur) de ce couloir souterrain, au départ existe, ménagée dans le mur droit, entre le troisième et le quatrième entr’arcs, à un mètre du sol environ, une petite niche tréflée (n) dont la décoration nous paraît être du XIIIe siècle.

 

Sur sa partie extérieure gauche, en haut et en bas, les constructeurs ont ménagé dans la roche deux légères saillies dont les évidements constituaient les gonds d’une porte en bois aujourd’hui disparue. Sur la partie extérieure droite, au milieu, un petit ressaut du tuffeau d’appareillage, légèrement creusé, recevait la gâche d’une serrure. Une feuillure taillée l’encadrait et en permettait la fermeture exacte.

Quelle pouvait être la destination du réduit qui nous occupe, appareillé avec tant de recherche, dont la fermeture avait été prévue de façon si soignée ?

Supposer qu’on l’ait construit dans un couloir, à portée de la main, pour y mettre à l’abri du vol des objets précieux et de valeur ne paraît pas vraisemblable. Une cache, quasi inaccessible, dissimulée au fond d’une salle profonde, était plutôt le lieu indiqué pour ranger ces sortes de dépôts.

Cette armoire serait-elle un tabernacle ? Cette travée dont six arcs soutiennent la voûte de plan horizontal, servit autrefois de chapelle et la niche ornée était l’endroit où étaient serrés les burettes et les vases sacrées.

Si nous continuons à parcourir notre tunnel, nous constatons que le sol se relève entre le sixième et septième arc. Nous avons devant nous un escalier long de vingt-trois mètres dont la voûte est soutenue par huit arcs. A huit mètres de la niche tréflée, à un mètre au-dessus du sol, nous rencontrons un autre réduit (1), de dimensions à peu près semblables au premier, ménagé dans la paroi droite seulement. Des moulures intérieures en encadrent l’entrée et une feuillure taillée dans le tuffeau d’appareillage devait permettre son aveuglement avec un volet de bois. Etait-ce une deuxième armoire destinée à serrer les vases et les livres sacrés ?

Photo François RENAULT

Dans la même paroi, non loin de la sortie, un autre réduit rectangulaire (n2) a été construit, semblable avec son linteau chanfreiné, à celui situé entre le 11e et le 12e  arc sur le mur de gauche (n3) ; nous le considérons, ainsi que celui placé presque en face de l’armoire tréflée (n4), comme des niches à luminaire, échelonnées de distance en distance pour éclairer le tunnel.

Photo François RENAULT

L’entr’arche dernière a sa voûte modifiée sur 0 m 85 de longueur ; elle cesse d’être en berceau et devient horizontale. Nous sommes en effet devant la porte et cette modification a sans nul doute été commandée par la nécessité de déploiement de vantaux. L’arc qui encadre l’ouverture, le dernier du tunnel, est en effet de forme plein cintre d’une exécution aussi parfaite que le reste.

Nous n’irons pas plus loin ; des monceaux de pierres mélangées à de la terre en aveuglent l’ouverture.

Nous en aurons fini avec la description de cet étonnant monument souterrain en signalant la présence sur les parois, en deux endroits différents, (C et C1), d’excavations se faisant vis-à-vis, destinées à recevoir les barres de consolidation de fermeture. Elles sont d’ailleurs de date relativement récente.

Des graffiti mentionnant des dates, 1609-1711, etc., précédées ou suivies de patronymes, ont été gravés sur les parois par les visiteurs des alentours.

Les destructions naturelles, les modifications apportées au cours des âges par les propriétaires successifs ont malheureusement modifié la disposition primitive des « appartements » de ce château troglodytique. Nous ne pourrons donc que décrire simplement, sans pouvoir les relier par un plan, les différentes salles seigneuriales.

La forme ogivale de la voûte, appareillée ou taillée, est ici le caractère dominant des pièces à destination d’habitat.

L’une d’elle, à peu près centrée dans le demi-cercle tracé par la cour, au pied du coteau, a dix mètres de longueur sur trois de largeur. Elle sert aujourd’hui de cellier. La voûte, de 3 m 5o de hauteur, est en arc brisé ; elle est appareillée ainsi que les parois latérales. La paroi du fond est taillée dans la roche, la façade remaniée.

A gauche de cette cave, une autre pièce de même forme, revêtue du même appareillage, de mêmes dimensions, est à usage d’étable. Un petit couloir taillé dans la tuffe, de sept mètres de longueur et pouvant livrer passage à un homme  faisait communiquer cette pièce à celle précédemment décrite.

Un peu plus loin, sur le même plan, existait une salle identique ; mais un effondrement intérieur récent en a modifié l’aspect primitif. Au fond de la cour, vers la droite, on constate l’existence d’un logis dont la voûte est de même style que les précédentes, mi- appareillée, mi- creusée. Enfin, deux arcs brisés, aveuglés maintenant, se lisent sur les murs d’une construction sise en contre-bas et derrière l’habitat précité.

Au centre du château troglodytique existe une fuie très importante, puits de sept mètres de profondeur, dont le plan est un quadrilatère irrégulier. Ce colombier recelait près de mille boulins appareillés et reposait sur la voûte d’une cave dont une des entrées était formée par un arc roman.

DECOUVRONS LES SOUTERRAINS-REFUGES A LA BARDINIERE……

SOUTERRAIN REFUGE LA BARDINIERE

Un très vaste et très compliqué réseau de souterrains-refuges circulait à des étages différents, dans des direction très variées, autour, au-dessus et au-dessous de ce qui fut le logis troglodytique seigneurial de la BARDINIERE.. Ces refuges et cachettes, sans doute antérieurs au Moyen-Age, ont gardé dans des portions encore accessibles de leur parcours, leurs facies primitifs. Quelques tronçons, notamment sur le faite du coteau, à l’endroit où émerge le couronnement aérien de la fuite souterraine sont si courts que nous ne les mentionnerons pas. Par contre, nous avons relevé le plan de deux portions sises à un étage inférieur dont l’état de conservation est très satisfaisant.

La première peut être parcourue sur 24 mètres. Les deux ouvertures A et D sont orientées vers sud-ouest, à mi- coteau, à une vingtaine de mètres environ de l’habitat. Elles sont accostées chacune d’une excavation (B et C), de plan circulaire, taillées en coupole (2 m de diamètre en A, 2 m 50 en B), qui pouvaient être des postes de surveillance extérieure vers la vallée du ruisseau d’Avort. L’entrée A, que nous considérons comme la principale (0 m 80 de largeur) accède à une sorte d’antichambre (a) débouchant dans une pièce de plan rectangulaire (4 m sur 2 m 50), dont la voûte horizontale a 1 m 80 de hauteur. C’est la seule partie du système souterrain qui ait été remaniée. De ce point, le réseau va s’étaler sur la gauche. Dès l’abord (j), un puits d’aération ou d’évacuation, bouché par des éboulis, perce la voûte. Le couloir, de direction N-O, est ascendant de b en d. Sur la gauche (c) , une petite salle de plan circulaire (1 m 80 de diamètre et 1 m de hauteur), taillée en coupole, pouvait être soit un poste de guet, soit l’emplacement d’un entrepôt de vivres. La voûte en est percée en I d’un trou de section circulaire de 0 m 25 de diamètre.

Un étroit passage E (0 m 60 de largeur et 0 m 90 de hauteur) se détache un peu plus loin également sur la gauche. Il se coude deux fois à angle droit et aboutit en pente descendante à l’ouverture D.

Revenu à la branche principale, poursuivant notre chemin, nous constaterons au bout de 2 m qu’une fermeture pouvait condamner le couloir avant la chambre d de plan circulaire (2 m de diamètre) taillée en coupole.

En pente descendante désormais, le tunnel prend une direction N-E, dessert une autre chambre d 1 semblable à la précédente. Avant un retour d’équerre vers la gauche, les parois portent les signes d’une nouvelle obstruction possible. Un deuxième retour d’équerre nous met en présence d’un passage rétréci g. Le couloir s’étrangle et n’offre plus, au  niveau du sol, qu’une ouverture ovale de 0 m 40 sur 0 m 50. En rampant, on pénètre alors dans une salle rectangulaire h (2 m sur 1 m 10 et 1 m 80 de hauteur). En t est foré un trou circulaire (0 m 25 de diamètre). Sa direction presque horizontale nous fait penser plutôt à un tuyau acoustique qu’à une cheminée d’aération.

Un escalier, dont les degrés sont taillés dans le tuffeau, nous amène dans une pièce très vaste, à ciel ouvert du fait de l’effondrement de la voûte, au pied de la fuie troglodytique.

Vers Sud-Ouest, à 2 m de hauteur, s’offre au regard la continuation du couloir souterrain : mais son parcours est très bref. Il s’infléchit vers la droite, devient ascendant et conduit à un étroit réduit de plan circulaire.

Un autre réseau souterrain  C  était en communication directe avec l’habitat seigneurial. Au milieu de son parcours, en E, se détache en direction S-E un boyau de 0 m 50 de largeur dans le sol duquel, dès l’abord, est creusé dans toute la largeur, un puits très profond k sur une distance de 2 mètres. Cet obstacle, fatal pour un non familier des lieux, peut être franchi grâce à la présence d’entailles pratiquées de part et d’autres des parois (j et j’) dans lesquelles, alternativement, en avançant d’une façon ascendante, on loge les pieds et cramponne les mains.

En F et G (0 m 40 de largeur), un court palier brise la montée pour un instant. Des marches taillées dans la roche font suite et atteignent une logette (H) très exigüe (1 m 50 de hauteur et 0 m 60 de largeur), sorte de relai, permettant en s’aplatissant le long de la paroi, de livrer passage à une autre personne. Le boyau tourne alors vers la droite et offre une descente presque perpendiculaire, avec marches taillées, plongeant vers les caves situées à l’étage inférieur, on fond desquelles, en I, la sortie est pratiquée à environ 5 mètres au-dessus du sol.

Peu de documentation au sujet de la BARDINIERE malgré nos recherches aux Archives Départementales d’ANGERS…. Nous restons dans l’ignorance la plus absolue de cette seigneurie dont l’importance, étant donné l’existence des imposants restes troglodytiques, dut être grande.

Voici ce que nous avons trouvé :

Dans le terrier, sous la cote G 2040, concernant la paroisse de GENNES, dans lequel se trouve des baux et contrats portant arrentement, au profit de la cure, de terre au Moulin de l’HOMME, à la BARDINIERE, et autres lieux

Une déclaration au seigneur de l’Etang de GENNES en 1690 :

Le quatrième jour de septembre mille six cent quatre-vingt-dix  avant midi, par devant nous Jacques ROULLEAU, notaire royal et garde sel à SAUMUR, résident à GENNES, est présent, établi et soumis vénérable et digne Messire Mathias FOUQUET, prêtre curé de Saint-Eusèbe de GENNES et y demeurant, et Chapelain de la chapelle de Notre-Dame de THORE, lequel audit nom de chapelain, a reconnu posséder au fief et seigneurie de l’Etang de GENNES, appartenant à Messire Louis de CHEVRUE, chevalier, seigneur de VAUX, Etang de GENNES et autres terres, les choses ci-après dénommées comme s’ensuit :

Premièrement, déclare avoir droit de prendre et demander annuellement une rente de trois boisseaux de blé froment, mesure Etang de GENNES, due chacun an, par les héritiers de Michel CIRET, à cause et pour raison d’une appartenance de cave, caveaux, grange couverte à brande, jardin devant et dessus,, le tout contenant dix boisselées de terre ou environ, sise au lieu appelé le VAU MARTIN, dudit lieu de la BARDINIERE, autrement la CENDROUPIERE,, joignant d’un côté la terre de la veuve Françoise LANCHIEN, d’autre côté celle de Guy DELEON, et autre d’un bout, la terre dépendant de SOUS LE PUY, le chemin tendant de VILEPELEE à CUNAULT, à la charge de dire ou de faire dire aussi annuellement un anniversaire à haute voix, le jour de la Saint Michel suivant et au désir des anciens titres

Plus, comme curé de Saint-Eusèbe dudit GENNES,  déclare avoir droit de prendre et recevoir aussi annuellement une rente de deux boisseaux froment, mesure d’ARGENTON de GENNES, au jour et fête de Notre-Dame de l’Angevine, à cause et pour raison de deux boisselées de terre environ sise au VAU MARTIN, au lieu de la BARDINIERE, due par Louis ASCHARD, possesseur de ladite terre, joignant de toutes parts, aux appartenances caves et aireaux, jardin et terre dudit ASCHARD, mouvant et relevant dudit fief et seigneurie de l’ETANG de GENNES, appartenant audit seigneur de VAUX, de laquelle déclaration, avons jugé ledit Sieur FOUQUET, audit nom, de son consentement par le jugement et condamnation de notre cour. Fait et passé audit GENNES, en présence

Toujours dans ce même terrier, un autre acte datant du 11 novembre 1664,

Par devant nous, Jacques ROULLEAU, notaire royal de SAUMUR et garde note,
.… Pierre DAUGEAU, demeurant à SARREAU, paroisse de Saint-Eusèbe de GENNES, lequel de son bon gré et bonne volonté, a cédé, délaissé à  René TOURET, demeurant à SARRE, paroisse de Saint-Vétérin de GENNES, lequel a acquis, pour lui et pour ses hoirs, à savoir, une boisselée de terre ou environ, sise au lieu appelé la BARDINIERE, joignant d’un côté…….
Du à la cure de Saint-Eusèbe, un boisseau de froment.


Un dernier acte datant du 22 mai 1678, deux boisseaux de froment de rente due par Julien PIAU, demeurant à SARRE, paroisse de Saint-Vétérin de GENNES, chacun an, à la cure de Saint-Eusèbe de GENNES, en raison d’une boisselée de terre ou environ sise à la BARDINIERE, paroisse de Saint-Eusèbe.

Dans ce même registre, on peut prendre connaissance d’un extrait du registre des greffes de la Sénéchaussée de SAUMUR, rendant, le 3 mai 1764, à la requête de Maître René PEHU, prêtre curé de Saint-Eusèbe de GENNES, demeurant maison presbytérale audit lieu, une sentence condamnant Jacques CHAUVIGNE et ….LEBRETON, sa femme, à payer quatre boisseaux de blé froment, mesure d’ARGENTON de GENNES, qu’ils doivent pour deux années d’arrérages de la rente foncière de deux boisseaux échue au jour et fête d’Angevine Mille sept cent-soixante, comme étant possesseurs de deux boisselées de terre ou environ, situées canton de la BARDINIERE, paroisse de Saint-Eusèbe de GENNES, joignant d’un côté les terres du seigneur de SARREAU…….

La seigneurie de la BARDINIERE, devenue une ferme, a fait l’objet d’une saisie comme bien national.

Rappelons qu’au moment de la Révolution, des domaines et possessions de l’Église, à savoir des bâtiments, objets, terres agricoles, mines, bois et forêts, furent confisqués durant la Révolution française, en vertu du décret du 2 novembre 1789. Ceux-ci sont vendus pour résoudre la crise financière causée par la Révolution. Le domaine de la Couronne, ainsi que les propriétés de certains nobles, subissent le même sort par le biais des confiscations révolutionnaires.

La notion de bien national est ensuite étendue aux biens des émigrés et des suspects, qui sont confisqués à partir du 30 mars 1792, puis vendus après le décret du 27 juillet.

Dans le registre, sous la cote 1 Q 222, la ferme de la BARDINIERE est mentionnée ; voici ce que nous pouvons lire :

Pierre Ignace Liévin VAN ALSTEIN, n’a point produit de certificat de résidence à la municipalité et non compris sur la liste des émigrés.
Son dernier domicile connu est NANTES.

La ferme de la BARDINIERE, ses caves, terres, bois….soit au total 416 boisselées. Elle a été affermée à Jean HARDOIN, citoyen de la commune ; doit en payer la somme de 500 livres.

Un autre registre, traitant des biens nationaux, sous la cote 1 E 1606, nous donne quelques indications sur la ferme de la BARDINIERE :

Le lieu et closerie de la BARDINIERE, situé commune de Saint-Eusèbe de GENNES, composé de maison, cour et jardin, contenant 4 boisselées, plus 280 boisselées de terres labourables, plus 100 boisselées de bois taillis et bruyère, dont jouit à titre de ferme Jean-Louis HARDOUIN, cultivateur, par bail devant DELALANDE, notaire à GENNES, le 21 janvier 1790, pour 7 ans, qui finiront en 1796, pour la somme de 500 livres, à la charge de payer les rentes à cause dudit bien.

Suivant l’arrêté du district du 6 messidor, le citoyen François d’ACHON est reconnu héritier dudit VAN ALSTEIN, et réintégré dans la propriété de ses biens.

Dans le registre 65 Q 5 : Reçu du citoyen Jean HARDOUIN, fermier du lieu de la BARDINIERE, appartenant au citoyen d’ACHON, la rente de cinq boisseaux de froment, mesure d’ARGENTON et de BRISSAC, pour l’année 1795, 160 livres et reçu dudit HARDOUIN la somme de 68 livres pour les années 1791, 1792, 1793, 1794 de ladite rente

 

On est toujours étonné par cet habitat souterrain, original, insolite et envoûtant…..Autrefois c’était le logis de nombreux habitants, si proches de la France authentique…

Dotés d’un patrimoine souterrain exceptionnel, les sites de SARREAU et  de la BARDINIERE, anciennes demeures seigneuriales, ont conservé des richesses architecturales ainsi qu’un réseau de galeries taillées dans le tuffeau, un bel ensemble rupestre.  Une superbe  découverte que cet ensemble de cavités troglodytiques préservées dans leur état ancien.

On souhaiterait que notre imagination donne vie à cet espace souterrain ; c’est un monde de silence à présent !

 

Ce chapitre a pu être rédigé grâce :

  • aux documents trouvés aux Archives Départementales d’ANGERS
  • Les ouvrages de Camille et Jeanne FRAYSSE, « les troglodytes en Anjou à  travers les âges »
  • le dictionnaire historique élaboré par Célestin PORT
  • la monographie rédigée par l’Abbé BOURASSEAU,
  • Monsieur  Bertrand VINCENT ; nous lui exprimons nos plus vifs remerciements pour avoir bien voulu nous recevoir et nous faire découvrir l’histoire et le patrimoine de ce qui était autrefois le château semi-troglodytique de SARREAU ; son témoignage fut précieux et intéressant.
  • Monsieur François RENAULT; nous lui exprimons nos plus vifs remerciements pour avoir bien voulu nous recevoir à la BARDINIERE et nous faire découvrir les belles caves de ce qui était autrefois le château seigneurial de la BARDINIERE ; et aussi pour  les photos qui illustrent l’article consacré à ce site prises par ses soins.
  • Laure DEODAT, archéologue au CNRS, ayant fait des recherches sur divers sites dans le Gennois, entre autres, sur le plateau d’AVORT, notamment la BARDINIERE.

Un peu de biographie sur Pierre Ignace Liévin VAN ALSTEIN…..

Pierre-Ignace-Liévin Van ALSTEIN avait dû s’expatrier en 1745 à cause de la guerre de succession d’Autriche : les troupes de Louis XV se sont emparées de Gand et imposèrent tant de charges que la famille, pourtant aisée avant ces événements, ne pouvait plus faire face. Pierre-Ignace-Liévin a été envoyé à Nantes chez son oncle Georges-Eustache de Kradistown et son épouse Hélène Claire née Gough. Hélas Georges-Eustache, armateur et négrier, fit faillite et Pierre-Ignace-Liévin s’engagea à 15 ans comme novice sans solde sur un négrier nantais.

La carrière maritime de Pierre-Ignace-Liévin s’étend de 1751 à 1784, au total onze campagnes dont quatre qu’il organisa et commanda. À sa mort on dit que sa fortune est considérable, selon les sources de 200 000 à 300 000 livres. Pierre-Ignace-Liévin van ALSTEIN a, entre autres, laissé sa marque dans l’histoire de la navigation, dans une chasse au trésor qui a marqué les esprits, le récit ayant traversé les siècles pour parvenir jusqu’à nous.

Pierre-Ignace-Liévin van ALSTEIN est décédé sans descendance. Naturalisé français en 1787 à la fin du règne de Louis XVI, il sera une des nombreuses victimes de la Révolution française : le Comité révolutionnaire séquestrera ses biens et l’incarcérera « comme suspect ». Après 2 mois de prison, le 27 décembre 1793, il mourut et son corps fut jeté dans une fosse commune.