2 – LES DROITS HONORIFIQUES DES SEIGNEURS DE GENNES SUR L’EGLISE DES ROZIERS -

 

Une notice sur la terre seigneuriale de GENNES en ANJOU et sur les droits honorifiques de l’église paroissiale des ROSIERS qui en dépendent, trouvée aux AD d’ANGERS, sous la cote 1 E 1244 nous donne de précieuses informations

Voici un extrait de cette notice : Le seigneur de GENNES sur LOIRE est fondé en tous les droits honorifiques en l’église paroissiale des ROSIERS :

  • 1 – Parce qu’il est seigneur fondateur spécial de cette église, dont il a donné et affranchi le terrain où elle est bâtie
  • 2 – Parce qu’il est seigneur haut justicier de cette église, qui a été établie sur la paroisse et la seigneurie de GENNES, et la paroisse des ROSIERS, formée d’une partie de celle de GENNES, que cette église des ROSIERS est située sur la haute justice de GENNES, et dans sa parfaite enclave, non seulement les terrains qui entourent cette église sont tenus de cette haute justice, mais le bourg des ROSIERS à l’entier, au centre duquel l’église est bâtie, ainsi que les environs, en relèvent soit par mouvance directe, soit par le moyen de fiefs qui y reportent.
  • 3 – Il justifie par titres authentiques la possession des droits honorifiques en cette église, et celle de son banc au lieu le plus éminent du chœur.

On va prouver ces trois propositions par des faits et des titres sans réplique.

Premiere Proposition :

L’église des ROSIERS n’est pas fort ancienne ; son établissement est de 1267, son érection en cure de 1268.

C’est à cette époque que les levées furent achevées, du moins parvenues au degré d’élévation qui garantissait les vallées de toute inondation.

Avant la construction des levées, ce territoire était inculte et peu ou point inhabité.

L’édit d’Henri II, roi d’Angleterre et comte d’ANJOU, donné dans le pré de Saint-Florent l’an 1160, constate qu’elles étaient déjà commencées ; cet édit accorde divers privilèges à ceux qui se fixeraient sur les levées pour y travailler et règle les droits que les seigneurs pouvaient exercer sur leurs sujets établis sur les levées chacun en leur territoire.

Par cette construction et le changement des cours des rivières, la paroisse de GENNES se trouve divisée en deux parties, l’une desquelles étant au-delà de la LOIRE.

Les habitants qui s’établirent en la vallée fixèrent d’abord leur habitation sur les levées, et commencèrent à mettre en culture les terrains qui y étaient contigus.

Les comtes d’ANJOU firent à différentes reprises abattre la forêt dont les terrains forment les communes et la censive du comte de BEAUFORT EN VALLEE.

 

MICHEL VILLELOISEAU MUSEE DES BEAUX ARTS ANGERS

Par une charte du mois d’avril 1259, Michel VILLOISEAU, alors évêque d’ANGERS, s’empara des dixmes novales du territoire de ces forêts, qui n’était censé d’aucune paroisse. Il attribua ces novales à l’église d’ANGERS, pour le pain du chapitre, qui devait être distribué aux chanoines présents.

On peut prendre connaissance d’une copie de cette charte aux Archives départementales d’ANGERS, dans un terrier sous la cote 1 E 1225 « Avril 1259, don par Michel LOISEAU, évêque au chapitre de l’église d’ANGERS de toutes les dismes de toutes les novales de la forêt de vallée et de Belle Poule, présentes et futures, pour le pain qui doit être distribué aux chanoines présents »

Ces novales de la vallée occasionnèrent des contestations entre les chanoines de l’église d’ANGERS et les curés des paroisses sur les coteaux, spécialement avec celui de GENNES ; les limites de sa paroisse en furent l’objet.

Mais la partie de la vallée qui était une prairie séparant anciennement le THOUET d’avec la VIENNE, sur laquelle la levée a été construite, et dont la partie septentrionale forme le bourg des ROSIERS et ses environs était incontestablement reconnu de la paroisse de GENNES, sous la dénomination d’enclave de GENNES ; le prieur y percevait les dixmes, les oblations, les offrandes…. Les habitants de cette enclave assistaient au service divin en cette église ; ils étaient à cet effet obligés de traverser la LOIRE, ce qui se voit par les titres de la terre de GENNES, où les droits de passage de ces habitants au port qui en dépend sont fixés, ainsi que le droit du prieur et curé de passer sans rétribution, pour aller administrer leurs services. Et le prieur et curé jouissaient de tous les droits sur les habitants de leur paroisse en la vallée, et y recueillaient en leur territoire les dixmes sur les terres à mesure qu’elles étaient mises en culture.

Les habitants de la vallée fixèrent l’attention et le zèle pastoral de l’évêque ; il jugea nécessaire de leur procurer les secours spirituels ; à cet effet, d’ériger des paroisses et pour le bien et la commodité du public, d’y attribuer et réunir les enclaves, que les paroisses sur les coteaux avaient dans la vallée, à cause des inconvénients et des difficultés de trajet de la LOIRE.

Il existait déjà une vallée une chapelle, nommée la chapelle du PATOIL ; elle avait été précédemment bâtie par Eudes de GENNES ; elle était située au lieu où est présentement l’église paroissiale des ROSIERS ; elle en a été le principe.

Par une charte du mois de juillet 1260, l’évêque donna faculté et pouvoir aux chanoines de l’église d’ANGERS de faire bâtir une église paroissiale en vallée, en tel endroit qu’il leur plairait, afin que les habitants d’icelle et d’alentour de la levée y pussent en tout temps assister au service divin, tant ceux qui n’étaient d’aucune paroisse que ceux des paroisses sur les coteaux, à cause des inconvénients du trajet de la LOIRE, et de ses débordements ; cette même charte renferme le don de cette église paroissiale de Vallée audit chapitre d’ANGERS, aux conditions d’y établir un vicaire auquel serait donné une portion conséquente.

Source : AD 49 COTE 1 E 1225

En attendant la construction de cette église paroissiale, Michel LOISEAU, évêque, rendit une ordonnance le 23 octobre 1260, par laquelle il est dit que lesdits habitants de la vallée iraient prendre les sacrements dans la chapelle précédemment bâtie, celle du PATOIL.

Source : AD 49 COTE 1 E 1225

LE PAPE CLEMENT IV

Une bulle du pape Clément IV du 7 mai 1265 porte la confirmation du don des dixmes novales de la vallée et autres règlements faits par l’évêque en faveur de son chapitre. « Decimas novalium suac dixcesis de quibus aliquis aliquid non percepit et quac ad aliquam ecclesiam non spectabant »

 

Cette chapelle du PATOIL déjà employée à l’usage des habitants de la vallée, parut au chapitre un lieu propre pour en former l’église paroissiale ordonnée en 1260.

Mais cette chapelle était trop petite ; Jean GIFFARD et Pierre, son fils, chevaliers et seigneurs d’un fief dépendant de la terre de GENNES, procurèrent l’agrandissement nécessaire et par acte d’avril 1267, ils donnèrent et affranchirent de tout cens et de toute servitude féodale, une pièce de terre labourable adjacente à ladite chapelle, sur laquelle on l’a agrandie ou reconstruite l’église paroissiale et formé partie du cimetière actuel.

Source : AD 49 COTE 1 E 1225 : ce don du terrain pour bâtir l’église paroissiale se trouve dans un extrait des titres du chapitre de l’église d’ANGERS.

L’érection de la cure et de l’église paroissiale des ROSIERS occasionna quelques discussions, spécialement avec l’église de GENNES, sur laquelle elle était établie.

Saint EUSEBE

Abbaye de la Couture du MANS

L’église de Saint-Eusèbe de GENNES est un prieuré régulier de l’ordre de Saint-Benoît, fondé par les seigneurs de GENNES vers le milieu du 11e siècle ; il fut doté par la fondation des offrandes, des sépultures et des dixmes en toute la directe de la seigneurie ; le prieuré est un membre dépendant de l’abbaye de la Couture du MANS.

Au mois de juillet 1267, l’abbé et le couvent de la Couture du MANS donnèrent leur procuration, pour composer avec l’évêque et le chapitre d’ANGERS, au sujet des dixmes novales, oblations et autres revenus appartenant à l’église et prieuré de GENNES, dans le territoire où la chapelle de Notre-Dame du PATOIL avait été nouvellement construite, paroisse de Saint-Eusèbe.

Source : AD 49 COTE 1 E 1225

CONFIRMATION DE DONS DE DIMES NOVALES Source AD 49 Côte 1 E 1225

On accorda des indemnités aux curés des paroisses sur les coteaux, pour la perte de leurs paroissiens de la vallée et l’abandon des novales ; à ce moyen furent terminées les contestations au sujet de ces limites de ces paroisses que les curés soutenaient être jusqu’à l’AUTHION qui occupe à peu près l’ancien lit de la LOIRE.

Par un appointement ou transaction du 14 septembre 1267, devant Nicolas GELLANT, évêque d’ANGERS et successeur de Michel LOISEAU, entre son chapitre et le curé de Saint-Eusèbe de GENNES, celui-ci abandonna tous ses droits dans la vallée, et pour forme de dédommagement, on lui donna une dixme sur la paroisse de SARRIGNE qu’il lève encore aujourd’hui.

Source : AD 49 COTE 1 E 1225

Les curés de Saint-MAUR et de GOHIER furent aussi indemnisés de la perte de leurs paroissiens de la vallée mais le curé de BESSE, paroisse limitrophe de celle de GENNES, s’étant refusé à cet accord, il conserva, et ses successeurs conservent encore aujourd’hui, leur territoire dans la vallée, c’est ce que l’on nomme l’enclave de BESSE, dont les habitants sont obligés de traverser la LOIRE pour se rendre à leur paroisse, quoiqu’ils demeurent à peu de distance de l’église des ROSIERS.

Nicolas GELLANT, évêque, donna le 7 octobre 1267, un mandement portant injonction aux habitants des paroisses de Saint-Eusèbe de GENNES, dans la vallée, de reconnaître l’église de Notre-Dame de Vallée (des ROSIERS) et y aller à partir de la Saint-LUC, alors prochaine, pour y entendre la messe et être sujets au curé ou vicaire de ladite église.

Source : AD 49 COTE 1 E 1225

Cependant le prieur de Saint-Eusèbe de GENNES, en sa qualité de curé primitif, avait peine à consentir à la perte de ses paroissiens de la vallée ; il paraît qu’il avait formé son opposition à l’érection en cure de l’église des ROSIERS qui était établie sur sa paroisse de GENNES. Enfin, ledit prieur, l’abbé et le couvent de la COUTURE, suivant leur procuration du mois de juin 1267, et le chapitre de l’église d’ANGERS, compromirent devant l’évêque.

Par une charte du 23 septembre 1268, Nicolas GELLENT, évêque, confirma le don des novales de la vallée à l’église d’ANGERS, et érigea en église paroissiale et en faveur dudit chapitre l’église des ROSIERS qui venait d’être bâtie, et suivant les intentions de Michel LOISEAU, son prédécesseur, il ordonna qu’elle serait desservie par un vicaire, auquel on attribuerait une portion compétente.

Cette même charte renferme une satisfaction pour le prieur de GENNES ; on charge le desservant que le chapitre établira aux ROSIERS de payer au prieur de GENNES 14 sols de prestation annuelle, le lendemain de l’Assomption, fête patronale des ROSIERS, et en réserve audit prieur, les anciennes dixmes de son territoire dans la vallée, les lits des personnes nobles décédées en signe de son droit curial.

Source : AD 49 COTE 1 E 1225

Le prieur de GENNES lève encore aujourd’hui la dixme sur tous les terrains du bourg des ROSIERS et des environs ; et ces terrains sont l’enclave certaine que la paroisse de GENNES avait dans la vallée ; la prestation de 14 sols lui est annuellement payée par le curé des ROZIERS. Enfin les anciens prieurs ont joui pendant longtemps du droit sur les lits des nobles qui décédaient sur la nouvelle paroisse ; le lit et les meubles de la chambre du décédé étaient en ce temps, le droit curial pour les sépultures ; il fut encore exercé à la mort de Jean de PONTENAIN, chevalier, l’an 1461 ; ce droit des curés pour les sépultures a depuis été aboli et converti en rétribution pécuniaire.

Le pape Clément IV confirma par une nouvelle bulle du 27 septembre 1269 l’érection de ladite cure des ROSIERS, et le don de cette église au chapitre d’ANGERS ainsi que les autres dispositions à ce sujet.

Source : AD 49 COTE 1 E 1225

L’église des ROZIERS, ou Notre-Dame de Vallée, a longtemps conservé le nom de chapelle ou église du PATOIL, après son érection en église paroissiale, et nonobstant cette érection, et l’attribution qui lui fut faite des paroissiens de GENNES dans la vallée, bien des années se sont écoulées avant que ces paroissiens l’aient reconnue par leur église paroissiale, et qu’ils se soient détachés de celle de Saint-Eusèbe de GENNES.

Les faits que l’on vient de rapporter et les titres qui les justifient fournissent la preuve la plus évidente que la paroisse des ROZIERS a été formée en partie d’un démembrement de celle de GENNES, que l’église paroissiale de Notre-Dame des Vallées, nommée les ROZIERS, a été établie sur la paroisse et la seigneurie de GENNES, que la chapelle originaire dont elle a été formée avait été bâtie par le seigneur de GENNES, que le terrain pour l’agrandir ou la reconstruire lorsqu’on en a formé une église paroissiale a été donné et affranchi de tout cens et de toute servitude féodale par un des seigneurs de cet endroit ; on voit en outre quels étaient ces droits de passage au port de GENNES pour les mariages et les sépultures des habitants de la vallée , le droit qu’avait le curé de GENNES de passer au port sans rétribution lorsqu’il allait leur administrer les sacrements.

Quand on y passe audit port, noces, et gens des dites noces, m’est dû un mets de viande, deux livres de pain, et deux pintes de vin, telle viande, tel pain et tel vin que le marié et la mariée et les gens qui sont auxdites noces, boivent et mangent auxdites noces.

Item : tout homme mort ou femme morte passant audit port, 5 sols pour ledit passage.

Anciens titres de la terre de GENNES

Nous allons à présent démontrer que cette partie de la vallée, ancien territoire de GENNES, est dans la mouvance, soit directe, soit en fief de la seigneurie de GENNES qui dans cette partie avait les mêmes limites que les anciennes de la paroisse de Saint-Eusèbe, avant l’érection de la cure des ROZIERS ; nous ne nous attacherons qu’à la partie du bourg au centre duquel l’église est bâtie.

 

Deuxieme Proposition :

La seigneurie de GENNES a des domaines, une mouvance assez considérable dans la vallée, plusieurs vassaux et un grand nombre de sujets.

Le bourg des ROZIERS, pour la majeure partie, relève directement de la haute justice de GENNES et du fief de la ROYRIE, qui lui est réuni et consolidé. La mouvance directe de l’église est attachée à ce fief de la ROYRIE.

Deux autres fiefs, la terre de FONTAINES et celle de la PERRINE, ont des domaines et des mouvances, qui comprennent le surplus du bourg des ROZIERS ; ces deux fiefs relèvent directement de la seigneurie de GENNES. Conséquemment, le seigneur de GENNES renferme dans sa haute justice la totalité du bourg des ROZIERS et des environs, soit en directe soit en fief.

Le seigneur de GENNES a été maintenu dans ses droits de haute justice sur le bourg des ROZIERS, par un jugement du juge d’ANJOU de l’an 1478 ; il fut rendu dans un procès entre les seigneurs de GENNES, le procureur du roy de SAUMUR, joints avec eux, contre les officiers du comté de BEAUFORT, pour avoir par ceux-ci fait des exploits de justice dans le bourg des ROZIERS et autres endroits, dépendant de la seigneurie de GENNES dans la vallée ; ce jugement était fondé sur une possession prouvée, et sur les titres alors représentés par les seigneurs de GENNES.

Source : AD 49 COTE 1 E 1225 copie de l’appointement donné par le juge d’Anjou, entre le seigneur de GENNES et le procureur du roi de BEAUFORT, par lequel la féodalité et justice sises en le bourg des ROSIERS sont adjugées auxdits seigneurs de GENNES

CHATEAU DE BEAUFORT TEL QU’IL ETAIT AUTREFOIS

Ce jugement renferme une autre disposition portant que les sujets de la haute justice de GENNES en Vallée, pour leur commodité à cause de la proximité, pourraient recourir à la justice de BEAUFORT, mais toujours du consentement des seigneurs de GENNES et de leurs officiers, sans lequel les causes desdits sujets, même celles déjà portées devant les juges de BEAUFORT, seraient rendues à la première réquisition, sans difficultés et sans formalités, et sans que cette faculté accordée auxdits sujets put nuire ni préjudicier aux droits de la haute justice de GENNES, et sans que les officiers de BEAUFORT sachent prétendre aucune connaissance de fief sur lesdits sujets de GENNES.

Telle est l’origine de la juridiction que les officiers de BEAUFORT exercent sur les habitants du bourg des ROZIERS ; cet accord n’avait de relation qu’entre les officiers de BEAUFORT et ceux de SAUMUR pour la juridiction contentieuse seulement, on cherchait l’utilité et la proximité des habitants ; presque tous avaient des possessions et dans le bourg des ROZIERS et dans la vallée, comme possesseurs de biens dans le bourg et les environs ; ils étaient justiciables de la justice de GENNES, dont l’appel se portait anciennement à LOUDUN et depuis par appointement, par proximité de châtellenie, ressortissant au siège de SAUMUR ; comme possesseurs de biens dans la vallée et dans la mouvance du comté de BEAUFORT, ils étaient justiciables du Sénéchal de BEAUFORT ; ainsi pour éviter le conflit de juridiction et toujours à cause de la proximité, la connaissance des causes des habitants des ROZIERS, sans distinction, a depuis été attribuée aux officiers de BEAUFORT.

L’autorité de ce jugement de 1478, les actes qui l’ont accompagné, l’exécution postérieure des dispositions qu’il renferme, établiront l’évidence des droits du seigneur de GENNES au bourg des ROZIERS ; l’on voit les réclamations qu’il a fait de prisonniers, détenus dans les prisons de BEAUFORT, et qui avaient été arrêtés par des sergents audit BEAUFORT, au bourg des ROZIERS ou autres endroits de la justice de GENNES dans la vallée.

L’émulation des sergents et officiers de BEAUFORT pour tenter des entreprises sur les droits des seigneurs de GENNES dans la vallée, et faire des exploits de justice au bourg des ROZIERS ne s’est point ralentie ; mais aussi l’on voit qu’ils ont été successivement réprimés par le seigneur de GENNES et qu’à sa poursuite, plusieurs jugements et arrêts ont été rendus contre eux ; il en fut de même d’un combat de mouvance imaginé et élevé au commencement du dernier siècle par l’engagiste, fermier et procureur du roi de BEAUFORT ; une maison du bourg des ROZIERS, attenant au cimetière et qui fut l’ancien presbytère avait été vendue ; le procureur du roi de BEAUFORT en réclama les ventes, fit saisir ladite maison et en même temps la place publique où se tient le marché, appartenant à la fabrique, et joignant aussi le cimetière, prétendant qu’ils étaient dans la mouvance du roi ; le seigneur de GENNES revendiqua ces mouvances, directes de son fief de la ROYRIE, consolidée à sa châtellenie de MONTJEAN de GENNES ; il y fut maintenu par sentence du siège de BEAUFORT même, du 8 février 1614.

Les obéissances faites à la seigneurie de GENNES pour les dépendances et l’église des ROZIERS par les procureurs de fabrique, celles des propriétaires des maisons et autres héritages du bourg, les aveux des vassaux du seigneur de GENNES, servis chacun dans leur directe du SURPLUS DU bourg et autres endroits de la paroisse des ROZIERS, constatent les droits de mouvance et de justice du seigneur de GENNES, dans cette partie de la vallée. La haute justice sur l’église des ROZIERS, située au milieu de ces mouvances, est démontrée jusqu’à l’évidence par le titre originaire même ; le sol de l’église a été donné par un des seigneurs de GENNES ; il a été en même temps affranchi de tout cens et de toute servitude féodale ; le seigneur de GENNES était donc seigneur féodal du terrain de cette église le cimetière.

Il en est de même de l’enclave du cimetière au nord et au levant ; il confronte à une vaste pièce de terre labourable, qui est le domaine de la terre des Fontaines, employée dans les aveux de cette terre rendus au seigneur de GENNES ; au midi, le cimetière a sa confrontation d’une part à une maison qui fut l’ancien presbytère des ROZIERS, aliénée autrefois par les curés des ROZIERS, pour une rente annuelle de 50 sols et chargée de la redevance censuelle de 2 sols 6 deniers au fief de la ROYRIE, incorporée à la seigneurie de MONTJEAN DE GENNES ; par autre part, le cimetière joint au midi la place du marché, qui fut le jardin BOTARD et possédée par la fabrique, laquelle payait pour cette place 6 deniers de cens au même fief de la ROYRIE ; enfin le cimetière a son confrontation vers l’occident à des jardins, ouches et pièces de terre, le chemin des ROZIERS à BEAUFORT. Entre deux, ces jardins et héritages sont dans la directe du fief de la PERRINE, arrière fief de GENNES et employés dans les aveux qui en ont été rendus au seigneur de GENNES.

Rappelons que le prieuré de Saint-Eusèbe de GENNES était en la fondation des seigneurs de GENNES, qu’il avait été doté des offrandes, des oblations, des sépultures, en résumé de tous les émoluments résultant du service divin ; rappelons qu’en raison de l’érection de la cure des ROZIERS, le prieur de GENNES s’était désintéressé de tous les droits qui lui appartenaient dans le territoire où l’église du PATOIL (des ROZIERS) avait été nouvellement construite, paroisse de Saint-Eusèbe, se réservant seulement le droit curial pour les sépultures des nobles, qu’en reconnaissance de l’abandon de ses autres droits, le vicaire établi dans cette nouvelle cure par le chapitre avait été chargé de lui payer 14 sols de prestation annuelle ; le prieuré de GENNES relève en fief du seigneur de GENNES ; le prieur lui reporte toutes les dépendances, les dixmes et les droits de son prieuré, parmi lesquels il emploie la prestation annuelle qui lui est due par le curé des ROZIERS.

Le prieuré de GENNES n’a de droits qu’en conséquence de sa fondation ; le seigneur de GENNES n’a pu les étendre au-delà du territoire de sa seigneurie, ce qui justifie que l’église des ROZIERS, pour laquelle le prieur de GENNES perçoit 14 sols de prestation annuelle, et dans laquelle il a conservé le droit curial pour les sépultures des nobles, est pleinement dans la seigneurie et haute justice de GENNES.

Les droits honorifiques majeurs appartiennent au seigneur haut justicier de l’église paroissiale ; il ne suffit pas d’avoir une haute justice dans la paroisse pour être fondé dans tous les droits honorifiques ; il faut avoir la haute justice sur le terrain où l’église paroissiale est bâtie. Le sol de l’église des ROZIERS et sa parfaite enclave, sont incontestablement situés sur la haute justice de GENNES, la conséquence qui en résulte et tire des principes.

 

troisieme proposition :

Le seigneur de GENNES justifie la qualité de patron fondateur et de seigneur de l’église des ROZIERS, la possession et la jouissance ancienne et immémoriale des droits honorifiques de cette église et de son banc au lieu le plus apparent du chœur.

Le cimetière des ROZIERS, formé comme on l’a dit ci-dessus, de la pièce de terre donnée et indemnisée par Jean et Pierre GIFFARD, sur laquelle on avait agrandi la chapelle originaire ou reconstruit l’église principale l’an 1267, s’est trouvé trop petite par la multiplication des habitants.

Bertrand de BEAUVAU Cathédrale Saint-Maurice : Peintures situées derrière les stalles du chœur

Par un acte du mois de décembre 1430, Bertrand de BEAUVAU, chevalier, et Louise de FONTAINES, sa femme, seigneurs de la terre et fief des FONTAINES en la paroisse du bourg des ROZIERS dont les domaines entourent au nord et au levant le cimetière, firent don à l’église des ROZIERS d’un espace de terrain pour agrandir le cimetière, s’en réservant la mouvance à une maille de cens, et en reconnaissance il leur fut concédé, et aux seigneurs des Fontaines et leurs successeurs, la place d’un banc dans le chœur de cette église après et au-dessous de celui du patron fondateur de cette église, et les honneurs et révérences, comme bienfaiteur, après ceux qui se rendaient audit fondateur et seigneur.

Source : AD 49 COTE 1 E 1225

Le seigneur de FONTAINES qui avait obtenu ce droit de banc du curé et des paroissiens des ROZIERS et du consentement de son seigneur suzerain (le seigneur de GENNES) n’a pas manquer de le reporter dans les aveux qu’il a rendus à la terre de GENNES, ceux des années 1457 et 1532, portent expressément le droit de banc dont il s’agit, avec déclaration de ne pouvoir le placer qu’au-dessous de celui du seigneur de GENNES qui occupe la première place du chœur.

Il a existé dans le chœur des ROZIERS un autre banc, celui du seigneur de la terre de GOUEVRE, fief étranger ; il avait été concédé par le seigneur de GENNES, aux conditions d’une rente annuelle de 40 sols, moitié au curé et moitié à la fabrique de ladite église des ROZIERS.

A tous ces titres, le seigneur de GENNES joint différents aveux rendus par ses prédécesseurs au seigneur de BEAUCAY le NOBLE en LOUDUNOIS, leur suzerain, dans lesquels sont employés lesdits droits honorifiques dans l’église des ROZIERS.

On voit encore ces mêmes droits exprimés dans les anciens terriers de la terre de GENNES, parmi les différents droits qui en dépendant.

Extrait du terrier commençant par ces mots :

« SOUS-LE-PUY c’est le papier terrier censif et déclaratif de lequel papier fait mention des droits honorifiques que ledit seigneur de SOUS-LE-PUY a droit, les paroisses de Saint-EUSEBE de GENNES et les ROZIERS, ensemble des hommages.

Article 1er – Premièrement, mondit seigneur à cause de susdite terre de SOUS-LE-PUY et MONTJEAN de GENNES, est fondateur et lui appartiennent les droits honorifiques, en l’église de Saint-EUSEBE de GENNES, au chœur de laquelle église il a son banc et sont ses armoiries empreintes par dedans et par dehors de ladite église, en forme de litres et timbres.

Article 2 – Item, Mondit seigneur a pareils droits en l’église de Notre-Dame des ROZIERS et lui appartiennent aussi les droits honorifiques de ladite église, à raison dudit lieu de SOUS-LE-PUY, dont ils dépendent »

Le cimetière des ROZIERS, quoiqu’agrandi par l’espace de terrain donné par le seigneur de FONTAINE, l’an 1430, s’est trouvé par la suite encore trop étroit ; on voit qu’il y a été fait une seconde réunion.

Des habitants du bourg des ROZIERS, nommés les CALMETS et les PHILIPPEAUX, propriétaires de cette maison, qui fut l’ancien presbytère, située près de l’église, et joignant la place du marché ont donné un terrain dépendant de ladite maison, contenant environ trois boisselées ; et c’est la partie du cimetière sise derrière le chœur ; on juge que cette donation a été faite dans le cours du XVIe siècle et avant l’an 1561.

Depuis la réunion de ce terrain faite au cimetière, la fabrique des ROZIERS a continué de servir au seigneur de GENNES la redevance censuelle de 6 deniers dus sur ledit accroissement et d’en rendre les obéissances aux assises de ladite seigneurie.

Il résulte de ce qui vient d’être rapporte, que le cimetière actuel a été formé à trois époques :

  • 1 - par la pièce de terre donnée par Jean et Pierre GIFFARD l’an 1267, au centre de laquelle l’église paroissiale a été bâtie ; ce terrain par l’acte de donation ayant été affranchi de tout cens et de toute servitude féodale n’a depuis été chargé d’aucune redevance à la seigneurie de GENNES et étant tenue en franche aumône, la fabrique n’a point été sujette à en rendre d’obéissance féodale.
  • 2 – Par l’espace de terrain pris sur la pièce de terre du domaine de la seigneurie de FONTAINES et donné par le seigneur de cet endroit, l’an 1430, pour être réuni au cimetière dont ce terrain forme la partie septentrionale et sur lequel le seigneur des FONTAINES s’est réservé une reconnaissance, d’une maille de cens, devoir qui lui est payé et reconnu par la fabrique des ROZIERS.
  • 3 – par l’espace ou partie du cimetière qui est derrière le chœur, qui était un terrain appartenant aux CALMETS et PHILIPPEAUX, par eux donné dans le XVIe siècle, pour être joint au cimetière, et chargé d’une redevance censuelle de 6 deniers à la seigneurie de GENNES.

Si l’on considère l’intérieur de l’église des ROZIERS, l’on voit du côté de l’évangile, le premier et le plus éminent, suivant l’usage de la province d’ANJOU, le banc du seigneur de GENNES, au lieu le plus apparent du chœur, attenant à la table de communion, au-dessous duquel se trouve celui du seigneur de FONTAINES.

Et cette possession de son banc, dont il jouit, et qu’il n’a cessé d’avoir dans la place qu’il occupe et la plus apparente du chœur, est le premier et le plus notoire des droits honorifiques.

Mais depuis quelques temps, les curés des ROZIERS s’abstiennent de lui rendre les honneurs et de faire au prône la recommandation et les prières nominales faisant partie des droits honorifiques.

Le seigneur de GENNES s’en est plaint ; il a menacé de se pourvoir et effectivement, il a pris le parti de faire donner à ce sujet une sommation au curé.

Le curé a fait réponse qu’il ne connaît que le roi à cause de son comté de BEAUFORT, qu’il se défendrait, en appelant à son secours les procureurs de sa majesté et le conseil de Monsieur.

Mais à quel titre les comtes de BEAUFORT pourraient-ils prétendre la seigneurie et les droits honorifiques sur le bourg et dans l’église des ROZIERS, qui sont sans contredit et de notoriété situés dans la directe de la haute justice de GENNES ? Si les officiers du siège de BEAUFORT exercent la juridiction royale au bourg des ROZIERS, l’on a ci-devant fait connaître l’époque de cet établissement pour les causes de la proximité, et pour la commodité des habitants de ce canton, et du consentement du seigneur de GENNES, et sans que les officiers de BEAUFORT en pussent prétendre aucune connaissance de fief, sur lesdits lieux, pour le comte de BEAUFORT, comme le titre même de ce règlement en fait foi et le porte expressément ; par conséquent, on ne peut s’en prévaloir pour prétendre au profit du comte de BEAUFORT, les droits honorifiques dans l’église des ROZIERS, située sur la seigneurie de GENNES.

La terre de GENNES n’est en rien dépendante du comté de BEAUFORT ; c’est une seigneurie absolument étrangère. Elle n’en relève ni directement, ni en arrière fief. Elle n’est pas même dans l’apanage de Monsieur en ANJOU. Elle reporte au roi, au château de LOUDUN, par le moyen des baronnies de Saint- CASSIEN et de BEAUCAY LE NOBLE EN LOUDUNOIS.