Elargissons un peu le cercle de nos découvertes sur AVORT et son histoire

en premier lieu grâce à Célestin PORT…..

Antique domaine faisant partie du bénéfice d’Aimeri, vassal de Charles-le-Chauve, qui le lui retira pour l’attribuer à la fondation du prieuré de CUNAUD ; plus tard, fief avec château et chapelle dédiée à Saint-Jacques, sur le bord et à la source du ruisseau du même nom, dont est chapelain Pierre BOITEAU, qui y meurt le 14 octobre 1613, Louis CHASTEAU en 1654, Madelon FOUGERE, 1683. Appartenait en 1690 à Jean LEROUX, au XVII-XVIIIe siècle, à la famille du LAURENT, seigneur de GENNES, mais le manoir n’était plus habité noblement depuis le XVIIe siècle. La dîme du fief appartenait au chapitre Saint-MAINBEUF d’ANGERS.

SOURCE : AD 49 Célestin PORT

 

Copie du XIe siècle.

Un registre que l’on peut consulter aux Archives Départementales d’ANGERS, sous la cote G 826, nous confirme le don par le roi Charles le Chauve à l’abbé HILBODUS, pour l’aider à bâtir un monastère à CUNAUD, qui lui a été donné par le comte de Vivien, du bénéfice d’Aimeri, son vassal, qui en dépendait, beneficium Aimerici, vassali sui, in pago Andeg. In locis nuncupatis, hoc est Doadum, Virtiniacum, terrencia&cum, landrum villam, Abordum Villam cum ecclesiis….., insurper etiam Fontanas villam, quam Freculfus episcopus tenebat. Actum Corbenaco regio patatio XV kal. Martii anno VII, indictIX (15 février 847).  

 

SUR LES PAS DES MOINES DE CUNAUD, encore un peu d’histoire……….

Au début du IXe siècle, les moines bénédictins de Saint-Philibert vivent encore en paix à Noirmoutiers où ils vénèrent les reliques de leur Saint Patron. Mais cette tranquillité ne dure pas ; ils se sentent menacés chaque année par les Normands ou les Vikings, qui poussent leurs incursions jusqu’à l’estuaire de la Loire.

En 835, ils décident à passer sur le continent et s’installent à DEAS pour une période de 23 ans. Jeune roi de France occidentale, depuis le traité de Verdun en 843, Charles le Chauve estime que ce refuge est insuffisamment sûr et qu’il faut encore s’éloigner vers l’Est.

Il porte son choix sur CUNAUD et pour assurer à l’abbaye des revenus suffisants, il lui donne, dès 847, les domaines d’AVORT et de BOIS-NOBLET.

L’abbaye s’installe à CUNAUD en 858, mais à nouveau menacée par les Normands, elle quitte CUNAUD dès 862 et s’éloigne jusqu’à TOURNUS, en Bourgogne en 875.

Elle ne laisse à CUNAUD que quelques moines chargés de la gestion des biens ; ces quelques moines constituent le Prieuré.

Les moines étaient doués d’un remarquable sens de l’analyse et aussi d’un remarquable esprit de synthèse. Il leur suffisait de jeter un coup d’œil rapide sur une parcelle inculte pour en évaluer la superficie, pour apprécier la qualité de la terre et ainsi fixer le montant de la redevance…..

Au cours de leurs lentes randonnées pédestres, qui donnaient le temps d’observer, ils ne tardèrent pas à attribuer des noms, aux lieux-dits qui souvent en exprimaient parfaitement le trait dominant.

Pour venir de CUNAUD à LOUERRE, les moines du Prieuré avaient dix bons kilomètres à parcourir.

 

Nous cheminons sur le Creux Chemin ; Il nous amène à AVORT…..

Voici son histoire….

Pour accéder aux Perrés d’AVORT que la nature avait fait infranchissables autrefois, les moines ne pouvaient gagner le plateau qu’en faisant un long détour par les chemins qui contournent COUESNE….

L’idée leur vint alors qu’il faudrait creuser une longue et profonde entaille dans le tuffeau de l’escarpement et d’en utiliser le fond comme chemin, de pente convenable pour animaux bâtés ou attelés.

Projet grandiose, chantier gigantesque à une époque qui ne connaissait ni la pelle mécanique ni le camion tombereau : vingt ou vingt-cinq mille mètres cubes de terrassement…. Combien de centaines d’hommes et pendant combien de temps ?....

Ainsi est né le Creux Chemin ; On peut se plaire à imaginer, sur une pente raide et profondément encaissée, un défilé de mulets ou d’ânes bâtés, qui au XVIIIème siècle, transportaient des sacs de salpêtre, des caves d’AVORT à la célèbre raffinerie royale de Saint-Florent.

 

Célestin PORT mentionne la dîme appartenant au chapitre Saint-Mainboeuf.

Un registre, sous la cote G734, nous parle de la recette de la grande dîme vulgairement appelée la grande dîme de TURGIS dans les paroisses de VARENNES-SOUS-DOUE, ROCHEMENIER, LOURESSE, DENEZE, et aux environs, comme aussi au lieu d’AVORT, paroisse de Saint-Vétérin de GENNES, avec plan de la dîme d’AVORT.

 

Voici ce que nous pouvons apprendre sur cette dîme de TURGIS à AVORT…..

La dîme d’AVORT se partage à la gerbe et aux champs entre Messieurs du Séminaire d’ANGERS et le chapelain d’AVORT, savoir Messieurs du Séminaire pour les deux tiers et ledit chapelain pour l’autre tiers. Cette dîme se lève sur des domaines qui appartiennent pour le tout au seigneur de Joreau et ne sont coupés que par des chemins de traverse venant de GREZILLE, LOUERRE, VAUX, BESSE et Bourg de GENNES, à la fontaine dudit lieu d’AVORT, et sont fermés du côté du midi par les bois en rochers dudit seigneur de Joreau, la Futaye, et terre du Seigneur de MILLY, du côté vers nord, autres bois et brières duddit Seigneur de Joreau, du bout vers orient en roc, autre bois dudit Seigneur de Joreau , et d’autre bout vers occident, la dîme et bois de Lotière, dans lequel bout, il y a une langue de terre et genêts et pâtures, où les anciens seillons paraissent encore, et où lesdits du Séminaire et chapelain ont droit de prendre la dîme, lors qu’elle est ensemencée, ainsi que dans les chaintres qui sont au tous et dans un petit mazureau qui étaient autrefois en valeur.

Sera remarqué qu’un peu au-delà du chemin venant de LOUERRE à GENNES, il y a neuf seillons de terre où le Sieur Curé de Saint-Vétérin dudit GENNES prend les novales marquées au plan par H. Ce qui ne peut être que par usurpation, parce que où sont lesdits neuf seillons, était autrefois l’ancien chemin dudit LOUERRE à GENNES, que le Seigneur de Joreau changea pour le faire passer le long de sa métairie de l’Ortie et le plaça sur la dîme desdits Sieurs du Séminaire et Chapelain, qui a bon droit, auraient dû être dédommagés sur ledit ancien chemin.

 

L’abbé BOURASSEAU apporte quelques précisions sur le château dans sa monographie de GENNES…

Le château était situé au bas du coteau qui fut entaillé à pic pour ménager au-dessus du marais une vaste esplanade, une cour sur laquelle le château fut établi, ce qui lui fit donner le nom de Cour d’AVORT.
Nous ne savons pas si le château était muni d’une tour féodale qui aurait à un certain moment occasionné une modification au premier vocable.
Aujourd’hui encore, on peut suivre une partie du plan de l’habitation, grâce aux fondations restées intactes et qui apparaissent à fleur de terre dans l’aire de la ferme.
Les murs avaient au moins quatre pieds d’épaisseur.
La façade regardait le soleil couchant et l’avant cour était traversé dans toute sa longueur par le canal construit pour l’exploitation des moulins.
On franchissait ce canal à l’aide d’un large ponceau très gracieusement voûté qui existe encore, quoique l’on ne s’en serve plus.
Dans les jardins, on trouve à peu de profondeur des substructions qui indiquent l’importance de la demeure seigneuriale, à laquelle le ruisseau naturel et le marais servaient de défense à l’ouest, tandis qu’au nord cette demeure était protégée par la colline dans les flancs de laquelle on avait creusé de belles caves et ouvert de vastes carrières.
De ses immenses carrières on avait tiré le tuffeau nécessaire pour la construction d’un long mur d’enceinte qui enveloppait toute la propriété.
Le nom de « Parc » n’en est resté à toute la superficie du coteau d’AVORT.
Cette muraille, passant par la route actuelle de LOUERRE, faisait le tour par VILLEPELEE et aboutissait près de COUESMES pour enclore la chapelle de Saint-Jacques dont on a fait disparaître il y a quelques années les derniers vestiges.
Les carrières n’ont pas dû servir à la seule construction du manoir et des murs d’enceinte.
Les fermiers actuels affirment que dans les champs qui dépendent de la propriété, on trouve fréquemment, çà et là, des débris de constructions, des ardoises ; ils supposent, non sans vraisemblance, que dans les temps anciens, il y avait là un village composé non seulement des habitations ménagées dans les flancs du coteau mais aussi de maisons construites de toutes pièces qui donnaient à la châtellenie d’AVORT une importance notable.

Cour d'Avort

Tout cela a disparu, on ne sait pourquoi ni comment. Il ne reste plus de l’ancien AVORT que la ferme et quelques caves encore habitées près desquelles on a récemment élevé quelques maisonnettes.  

 

 

Un document se trouvant dans le registre G 2040 nous fait connaître un seigneur d’AVORT, François LE ROUX, Abbé de Saint-Crépin Le Grand les SOISSONS, en date du 26 juillet 1559.

En voici le contenu :

Sachent tus présents et à venir que, en notre cour de la baronnie de TREVES, en droit par devant nous, Roger GUERINEAU, notaire de GENNES, sont établis et dûment soumis chacun de Révérend Père et Dieu, François LE ROUX, Abbé Saint Crépin le Grand de SOISSONS, et seigneur d’AVORT, d’une part, et René LINSART, demeurant à SARRE, paroisse de Saint-Vétérin de GENNES, d’autre part, confessent avoir fait, et par ces présentes, font entre eux les échanges et permutations des choses héritaux qui s’ensuivent, c’est, à savoir, que ledit LINSART a délaissé par échange audit LE ROUX et ses hoirs et ayant cause,, une pièce de terre plantée en aulnes, que ledit LINTARD avait prise à rente de vénérable et discret Maître Simon MAGIRET ? prêtre, curé de Saint-Eusèbe de GENNES, de trois boisseaux de blé froment et un denier de rente au jour et terme de l’Angevine, par chacun an, comme est retenu par la baillée et prise à rente par J DELUCE, notaire de PIMPEAN, en date du dernier jour d’avril mille cinq cent-cinquante-six, contenant un quartier de terre ou environ, sis près le moulin de VILLEPELE, joignant d’un côté le pré GASSE, d’un autre côté et d’un bout aux aulnes dudit seigneur d’AVORT au fief de ladite seigneurie d’AVORT,

Et en récompense dudit échange, ledit LE ROUX, seigneur susdit, a baillé par échange audit LINTARD qui a accepté pour lui, ses hoirs et ayant causes, c’est, à savoir, une pièce de terre sise au marais de VILLEPELE, contenant trois boisselées de terre ou environ, joignant d’un côté la terre de Jean MABILLE, d’autre côté, la terre de Pierre MOREAU de SARRE, d’un bout la terre de la veuve feu Jean BARONNEAU des ROBINIERES,
Item, demi boisselée de terre ou environ joignant d’une part la terre de ledit BARONNEAU, laquelle ledit seigneur d’AVORT aurait eu à retrait dudit LINTARD par puissance de fief sise aux marais de VILLEPELE, joignant d’une part, la terre de BILLON, d’un bout, le grand DOUET des moulins de GENNES, d’autre bout le pré de Pierre CLAVEREAU, un fossé entre deux au fief du seigneur d’AVORT par lui acquis du seigneur de la Roche et tenue de lui et parce que la terre dudit LINTARD était chargée envers le curé de Saint-Eusèbe de GENNES,, de trois boisseaux de blé froment par chacun an et un denier…….

Fait et passé en présence de noble homme Antoine TOURET, seigneur de COMBRE, de vénérables et discrètes personnes, Guillaume HAMELIN et Guillaume de GRIGNE, prêtre témoins, le vingt-sixième jour de juillet mille cinq cent cinquante-neuf, signé en la minute de ces présentes François Le ROUX, et les messires A THORET, HAMELIN et de GUIGNE et F. GUERINEAU, notaire et passeur du contrat en grosse au fief de ladite seigneurie d’AVORT.

 

 

 

Sur le plateau, à l’aide d’un GPS, nous suivons le tracé de ce qui était peut-être le mur d’enceinte ; en voici le résultat……

 

 

L’Abbé BOURASSEAU et Célestin PORT parlent d’une chapelle Saint-Jacques d’AVORT…….

Le Pouillé du Diocèse d’ANGERS cite cette chapelle.

  • - Celui sous la cote BIB 5513, année 1648 : chapelle Saint-Jacques d’AVORT, en l’église de Saint-Nicolas de la GENNEVRAYE ; patron, le seigneur d’AVORT ; à la collation de l’Evêque d’ANGERS, de valeur de 34 livres.
  • - Celui sous la cote BIB 747, année 1783 : chapelle Saint-Jacques d’AVORT et Saint-Vétérin de GENNES : présentateur seigneur de JOREAU et d’AVORT ; à la collation de l’Evêque d’ANGERS

Une liasse de plusieurs présentations faites par les seigneurs d’AVORT de la chapelle Saint-Jacques d’AVORT desservie en la maison desdits seigneurs en la paroisse de Saint-Vétérin se trouve dans un registre sous la cote G 2042.

Grâce au dépouillement des registres paroissiaux, nous pouvons connaître les lieux d’inhumation des fidèles. Notamment les chapelles présentes principalement sur le territoire de Saint-Vétérin. Celle qui nous intéresse est celle de Saint-Jacques d’AVORT. Une seule inhumation est mentionnée, celle de Pierre BOITEAU, prêtre chapelain à AVORT, le 15 octobre 1613. En 1602, le corps d’un petit garçon a été enterré dans « une certaine église d’AVORT ». Il est fort probable que cet édifice, situé à la source du ruisseau d’AVORT, tantôt appelé église, tantôt chapelle, soit le même. Elle a été détruite, on ignore en quelle année, et le service de cette chapelle fut transférée à l’église Saint-Vétérin

Dans les registres paroissiaux de l’église de Saint-Vétérin, on peut prendre connaissance de trois sépultures, les défunts demeurant à la maison seigneuriale de Cour d’AVORT :

  • Il s’agit de Madeleine MERCERON le 22 décembre 1661, âgée de 3 ans, inhumée au cimetière de l’église de Saint-Vétérin


  • De Françoise MERCERON, le 26 janvier 1663, âgée de 4 jours, inhumée au cimetière de l’église de Saint-Vétérin


  • Le 26 juillet 1661 a été inhumé dans le cimetière de Saint-Nicolas de la GENNEVRAYE le corps de Michel BOISMOREAU âgé de 40 ans demeurant au château d’AVORT





AVORT, quelques entrées de caves, quelques façades troglodytiques et les Perrés, revêtement de pierres qui protège un talus, contre l’action de l’eau ou les glissements de terrain. Les « Perrés » s’allongent sur une distance de 1km environ, depuis la CHESNAYE jusqu’au Pont Billon, mais ils ne sont vraiment caractéristiques que dans le site d’AVORT. Vu de loin, ce soubassement apparaît donc comme un véritable « Perré » destiné à empêcher le glissement des terres qui le co

AVORT possède un habitat troglodytique de coteau, creusé dans la falaise. Une vie souterraine, silencieuse et mystérieuse vibrait au cœur d’Avort et de ses environs…..

 

 

AVORT : JOLIE MAISON SEMI-TROGLODYTIQUE

Un spectacle étonnant…..La pierre est percée de fenêtres, de portes ; on aperçoit quelques trous de boulin ; peut-être appartenaient-ils au château ?

Définition de la Grande dîme de TURGIS : TURGIS est un ancien fief avec dîmerie levée dans la paroisse de ROCHEMENIER par le chapitre de Saint-Maurice d’ANGERS, et qui conservait le nom de Guillaume TURGIS, chevalier, qui les lui avait vendues en 1464.

Cette activité de taille industrielle dérive d'une ressource locale. Les parois des caves du Saumurois sont riches en salpêtre, au goût salé ; des opérations de raffinage assez complexes permettent d'en tirer une poudre utilisée par les chasseurs.

En 1785, Madame CRADOCK visite un atelier installé dans une cave de Saint-Florent, près du Thouet : la craie salpêtrée, après décantation, est réduite à petit feu dans des chaudières de cuivre. Le nitrate de potassium ainsi obtenu est utilisé pour fabriquer de la poudre noire dans un atelier curieusement implanté au coeur de la ville, à l'angle de la rue de la Petite-Bilange et de la place du même nom.

Tous les rapports tressent des louanges à cette raffinerie, « la meilleure de France », selon Miromesnil. Le Tableau de la Généralité de Tours, 1762-1766 affirme qu'elle produit annuellement 900 milliers de livres de salpêtre brut. Cette entreprise relève du monopole royal ; en 1789, elle est dirigée par DUCAMP, commissaire des poudres et salpêtres.

Les voisins sont moins enthousiasmés par sa présence. En principe, les produits fabriqués sont entreposés dans la poudrière du château, puis de 1763 à 1777, dans le nouveau magasin à poudre construit par CESSART sur la levée du Chardonnet. Après l'abandon de ce bâtiment, la poudre demeure sur la place de la Bilange. Cependant, le subdélégué Budan fait part de l'inquiétude des habitants, car le sieur FOLLIAU, l'adjudicataire de la raffinerie de salpêtre, stocke jusqu'à cent barils de poudre dans les bâtiments de la place de la Bilange ; Devant les craintes de déflagration, elle est à nouveau entreposée sur le bastion du château, dans le magasin du Roi.

 

 

 

 

Landrum Villam désigne LOUERRE ; Abordum Villam, AVORT