CONDITIONS REQUISES POUR ETRE PAGE……

 

Un document, se trouvant dans un registre, sous la cote 2 E 2257, aux Archives Départementales d’ANGERS, nous renseigne de façon intéressante sur les conditions à remplir pour être page de MADAME……Ce registre contient des archives de la famille POISSON DE MONTAIGU, seigneur de GENNES.

Voici le contenu de ce document…….

« ECURIE DE MADAME

Note de ce qui est nécessaire pour être reçu page de cette princesse. Il faut que la famille du gentilhomme qu’on désire faire élever page de Madame, en obtienne l’agrément de Monsieur le Comte de MAILLY, marquis de NESLE, brigadier des armées du roi, Mestre de camp commandant du régiment royal infanterie, premier écuyer de Madame.

Elle remettra ensuite au secrétaire de l’écurie de cette princesse, qui en donnera son récépissé, les titres ci-dessous détaillés.

A savoir :

  • Son extrait baptistaire légalisé pour prouver que le jeune homme qu’on présente a quinze ans faits.

  • Et pour prouver et établir les degrés de sa filiation qui doivent remonter jusqu’à l’an 1550, sans aucun anoblissement, relief ou privilège attributif de noblesse depuis ladite année, il faut nécessairement sur chaque degré produire le contrat de mariage avec deux autres actes, comme testament, création de tutelle, garde-nobles, partages, transactions, arrêts, sentences, lettres de chancellerie, hommages, aveux, contrats d’acquisition, de vente ou d’échange, brevets, provisions ou lettres de retenues de charges, commissions, procès-verbaux de preuves dans l’ordre de Malte, arrêts, ordonnances ou jugement de maintenue de noblesse, rendu pendant les précédentes recherches, ensemble un extrait du rôle des Tailles de la paroisse et domicile des parties, pour prouver que la famille y est comprise au rang des nobles et exempté.

  • Il faut de plus le blason des armes de la famille du gentilhomme qui se présente et que les armoiries soient bien expliquées ; on donnera le blason des armes de la mère, de l’aïeule et de la bisaïeule du côté paternel.

  • Les parents sont avertis qu’on ne recevra point de sujet qu’il n’ait une taille sans défaut, quatre pieds, onze pouces au moins, pieds nus, et qu’il ne soit d’une figure honnête.

  • Si les enfants n’ont point les qualités requises, les parents sont avertis qu’ils feront des voyages inutiles et que leurs enfants ne seront reçus qu’après avoir été vu.

  • Les parents étant avertis de la tournure qu’on exige des jeunes gens doivent juger eux-mêmes avant de faire la dépense du voyage, s’ils sont ou ne sont pas dans le cas d’être reçus. Ils doivent produire un billet de première communion.

  • Les parents seront tenus de donner un billet par lequel ils s’engageront, parole d’honneur, à donner à leur enfant, lorsqu’il sortira des pages, une pension de 500 livres pour qu’il puisse se soutenir au service. Ce billet sera remis entre les mains du gouverneur des pages.

  • Il faut que le jeune homme qui entre ait une malle pour mettre ses hardes, une veste et culotte de ratine grise fine pour le manège, une veste et culotte d’été de calmande, rouge pour le même usage, des chemises dont six plus proprement garnies pour les jours de service, au moins une douzaine de mouchoirs et de paires de chaussons, six paires de bas de soie blancs, quatre paires de fil et quatre paires de coton ; on se chargera de lui faire faire à PARIS, une redingote de ratine grise pour lui tenir lieu de robe de chambre.

  • En arrivant à PARIS, les parents le conduiront à Monsieur de REDAIR, capitaine de cavalerie, chevalier de St Louis, gouverneur des Pages de Madame, lequel rendra compte à Monsieur le Marquis de NESLE, si le jeune homme est dans le cas d’être reçu ; il loge à VERSAILLES, aux écuries de cette princesse, rue d’Anjou.

  • Lorsque le page sera agréé, il paiera à Monsieur de la CANCHE, argentier de l’écurie de Madame, aux petites écuries du roi, rue St Nicaise, 1200 livres pour frais d’entrée. Mr de la CANCHE lui donnera quittance avec un billet pour aller prendre la mesure de son habit chez le tailleur ; c’est pourquoi, il est à propos qu’il arrive à PARIS au moins 10 jours avant celui de son entrée.

  • Sans la quittance de Monsieur de la CANCHE et le certificat des preuves de noblesse donné par le généalogiste, on n’est point reçu.

  • Outre la somme de 1200 livres donnée à Monsieur de la CANCHE pour les droits d’entrée sur laquelle le généalogiste est payé pour l’examen des titres, on remet au précepteur des pages 90 livres pour les entrées de la chambre et 48 livres au secrétaire de l’écurie.

  • Les parents doivent donner 18 livres par mois à leur enfant pour les menus frais d’entretien et leurs menus plaisirs. Ces 18 livres par mois sont encore remis au précepteur.

  • Le généalogiste est Monsieur SIRET ; il demeure à PARIS, à l’hôtel de NESLE, rue de BEAUNE.»

Quelques renseignements au sujet du comte de MAILLY……

Louis de MAILLY, IIIe du nom, marquis de NESLES, né en 1689, nommé successivement chevalier de l’ordre de Saint-Lazare en 1721, cornette des chevau-légers d’Anjou en 1723, sous-lieutenant des gendarmes Ecossais en 1726, capitaine-lieutenant et commandant la gendarmerie en 1733, premier écuyer de Madame la Dauphine en 1744, lieutenant général des armées du roi en 1748 et chevalier de l’ordre du Saint-Esprit en 1749.

 

 

 

Marie Thérèse Raphaëlle d’Espagne, infante d’Espagne et dauphine de France, née le 11 juin 1726 à l’alcazar royal de Madrid (Espagne) et décédée le 22 juillet 1746 au palais de Versailles (France), est une princesse espagnole, fille de Philippe V, roi d’Espagne et d’Élisabeth Farnèse.

Son mariage avec le dauphin Louis-Ferdinand de France marquait la réconciliation entre la France et l’Espagne ; le mariage eut lieu le 23 février 1745.

Ces recherches sur le comte de MAILLY, marquis de NESLES nous apprennent que Madame était exactement Madame la Dauphine, épouse du Dauphin, fils de Louis XV et de Marie LESZCZYNKA.

 

 

Un peu d’histoire sur les pages….

 

Un page (du grec παιδιον, paidion, petit garçon) était un jeune noble attaché au service d'un roi, d'une reine, d'un prince.

Au Moyen Âge, un page était l'intendant d'un chevalier, un apprenti écuyer. Un jeune homme servait comme page durant sept années, dès l'âge de sept ans. À quatorze ans, il pouvait devenir écuyer et à vingt-et-un pouvait devenir lui-même chevalier. Des pages servaient aussi dans les châteaux et les grandes maisons allant chercher ce qu'on leur demandait ou portant des messages pour les nobles et les gentilshommes ainsi que pour la famille royale. Ces garçons étaient le plus souvent les descendants de grandes familles qui apprenaient ainsi les règles de la cour et établissaient des contacts pour leur vie d'adulte.

C'était le cas notamment à Versailles pour les pages de la grande et de la petite écurie du roi dont les familles devaient prouver1 une noblesse antérieure à 1550, noblesse qui devait de surcroît être militaire pour pouvoir être reçu page en la grande écurie, honneur qui venait pour une famille, juste après celui des Honneurs de la cour. De surcroît, à Versailles, les pages étaient nettement plus âgés qu'au Moyen Âge, ils n'étaient reçus pour plusieurs années au sein de l'école des pages où ils étaient élevés, qu'à partir de leurs quinze ans environ. Lorsque le roi devait se déplacer à la nuit tombée à Versailles dans le château ou les jardins, il revenait avec six pages de sa grande écurie, portant chacun flambeau, afin de le précéder, lui ouvrant la route et lui éclairant le chemin.

Durant la Renaissance et après, il pouvait être à la mode, dans certaines familles de la noblesse, d'avoir un jeune noir ou de jeunes hommes costumés comme pages « décoratifs ». Cette coutume dura quelques siècles et les Pages africains demeurent un accoutrement des styles baroque et rococo.

Jusqu'en 1667, les pages pouvaient être armés.

La petite écurie du roi, édifiée entre 1679 et 1683 à l'emplacement de l'Hôtel de Noailles, cet édifice servait à héberger les chevaux et les voitures.



Son administration était confiée au premier écuyer, dit Monsieur le Premier.

Son architecture, réalisée par Jules Hardouin-Mansart faisait de cet édifice un véritable Palais du Cheval.

La Grande Ecurie à gauche, la Petite Ecurie à droite.

Son plan, tout comme la grande écurie du roi, est celui d'un grand fer à cheval




La Grande Ecurie était placée sous l'autorité du Grand Ecuyer dit "Monsieur le Grand", qui s'occupait des haras du roi et du service des cérémonies (hérauts et roi d'armes, poursuivants d'armes, porte-épée de parement et corps des musiciens). Le Grand Ecuyer avait la charge des chevaux de main parfaitement dressés pour la chasse ou la guerre, et réservés à l'usage des rois et des princes. Sous lui étaient un premier écuyer, trois écuyers ordinaires, trois écuyers cavalcadours, un gouverneur des pages, deux sous-gouverneurs, un précepteur, un aumônier, une cinquantaine de pages, un roi d'armes et onze hérauts d'armes, deux poursuivants d'armes, trois porte-épée, deux porte-manteau, douze grands hautbois, huit joueurs de fifres et tambours, cinq trompettes marines, des médecins, chirurgiens, apothicaires, cuisiniers, sommeliers, lavandiers..

La Petite Ecurie était dirigée par la Premier Ecuyer, dit "Monsieur le Premier", important personnage qui avait l'honneur de donner la main au roi lorsqu'il montait dans son carrosse, et de côtoyer la monture royale lorsque le roi allait à cheval. La petite écurie comprenait un écuyer ordinaire, vingt écuyers servant par quartier, les pages, les petits valets de pied et tout ce qui est cocher, postillon, fourrier, sellier ou palefrenier. Elle abritait carrosses, voitures, chevaux d'attelage mais aussi des montures ordinaires sans oublier les chaises roulantes ou les chaises à porteurs qui étaient à disposition de la Cour

De nos jours on ne trouve plus guère de pages, à l'exception des demeures royales et de certaines fonctions comme celles de United States House of Representatives Page (Page de la chambre des représentants des États-Unis d'Amérique) qui en est une claire survivance. Ce « job » échoit à des adolescents, garçons ou filles, inscrits ou non à un parti, sélectionnés selon un système très compétitif. Ils portent un uniforme spécifique, aussi bien à l'école que lorsqu'ils sont en service au Capitole.