Cette seigneurie s’est formée d’un démembrement de la terre de GENNES.

Les titres et les monuments n’en fournissent ni la preuve, ni n’en font connaître l’époque, mais tout indique cette subdivision, sa communauté de justice en plusieurs endroits entre les fiefs nommés les seigneuries de GENNES, l’indivis de certains domaines principaux, et la plupart des droits en portent la démonstration.

Il paraît constant que la seigneurie de GENNES était encore dans son intégrité vers le milieu du XIe siècle ; elle était possédée par Josselin NORMAND, Ramburge, sa femme, en même temps seigneurs de CHANTOCE.

ls fondèrent le prieuré de Saint-Eusèbe, sous l’épiscopat d’Eusèbe BRUNON, nommé évêque d’ANGERS l’an 1047 ; la donation est souscrite de Josselin, archidiacre, lequel n’existait plus l’an 1058, ce qui détermine la date de la fondation du prieuré, entre les années 1047 et 1058.

La fondation du prieuré fut faite du consentement de Hugues, Bernard et Robert de CHANTOCE, fils de Josselin NORMAN et Ramburge, et de leurs filles, Brite et Adeline. Ils en firent don à l’abbaye de la Couture du MANS.

La seigneurie de GENNES, telle qu’elle était lors possédée par Josselin NORMAND et Ramburge, comprenait les fiefs depuis nommées, SOUS-LE-PUY, MONTJEAN DE GENNES, ARGENTON, la ROCHE DE GENNES, lesquels existaient dans le corps de la seigneurie de GENNES et ne se sont formés par la suite que par l’effet de démembrements successifs.

Josselin NORMAND, Ramburge sa femme, et leurs enfants, figurent seuls dans la fondation du prieuré ; le cartulaire qui renferme les montants de cette donation, fait connaître qu’ils étaient seigneurs et propriétaires du lieu où le monastère a été construit et ce lieu est parti de celui qu’occupait anciennement le château ou forteresse de GENNES, précédemment détruit par les malheurs de guerre.

Ce prieuré relève de la seigneurie de MONTJEAN, ce qui ne laisse nul doute que les fondateurs possédaient cette seigneurie, qui, ainsi qu’on l’a observé ci-dessus, existait dans le corps de la terre de GENNES, précédemment détruit par les malheurs des guerres.

Il en est de même de la seigneurie de la Roche de GENNES et du moulin dudit lieu, qui était originairement le moulin banal de la seigneurie de GENNES ; Josselin NORMAND et Ramburge, leurs enfants après eux, donnèrent au prieuré plusieurs droits sur ledit moulin qui fait aujourd’hui partie de la seigneurie de la ROCHE ; ces donations éprouvèrent quelques contradictions. Mais ayant été ratifiés, elles ont depuis été converties en des rentes que le moulin sert encore aujourd’hui au prieuré ; cette terre de la ROCHE est aussi un démembrement de la terre de GENNES et n’en fait plus partie.

On eut désiré connaître comment et l’époque certaine où les différents démembrements de la seigneurie de GENNES ont formé les fiefs dont on a parlé ci-dessus ; il se présume que c’est par l’effet de parages ou de partages ; mais il n’est guère possible de pénétrer dans cette obscurité des temps, ni d’y établir rien de positif à cet égard ; toute recherche a été inutile jusqu’à présent ; on ne peut s’attacher qu’à des conjectures et des probabilités.

Il paraît toutefois certain que la seigneurie d’ARGENTON, qui est l’une des seigneuries de GENNES, a son origine dans le partage qui en fut fait en faveur d’Adèle de CHANTOCE, la plus jeune des filles de Josselin NORMAND et Ramburge sa femme, comme on va le rapporter ci-après.

Ladite Adèle de CHANTOCE fut mariée avec Giraud du BELLAY, 1er du nom, seigneur de MONTREUIL-BELLAY, tué dans une sédition à ANGERS l’an 1060, fils de BELLAY II, seigneur de MONTREUIL BELLAY, et de Graecia de BELLESME, laquelle Graecia, devenue veuve, se remaria avec le comte d’ANJOU.

Cette Adèle, femme de Girault du BELLAY, fut emparagée de la moitié de la seigneurie de GENNES ; elle fit des dons au prieur de GENNES ; BELLAY III, son fils, les contesta, ensuite, les ratifia du consentement de Madame Orgolosa, sa femme, Agnès de BUEIL dite l’Orgueilleuse, partant pour la terre sainte l’an 1120.

On considère cet emparagement de la seigneurie de GENNES avoir été à la proportion de la moitié ; aussi la seigneurie nommée depuis ARGENTON est-elle fondée dans la moitié des domaines de la seigneurie de GENNES, tels le bois, et dans les droits, tels la rivière, la Baillié de GENNES, les épaves, les droits de boisselage….

Cette seigneurie d’ARGENTON ou l’emparagement d’Adèle de CHANTOCE a toujours depuis dépendu de la baronnie de MONTREUIL BELLAY et elle y a été tellement unie et confondue, que les seigneurs l’ont employée confusément dans les aveux qu’ils ont rendus au roy au château de SAUMUR, tandis qu’elle eut de continuer et reporter à la baronnie de SAINT-CASSIEN, dont relève la seigneurie de GENNES.

On voit par le cartulaire du prieuré de GENNES, qu’Hugues de CHANTOCE, fils aîné de Josselin NORMAND et de Ramburge, possédait avec Gerbert, son second frère, la seigneurie de GENNES, c’est-à-dire le surplus ou la moitié de ladite seigneurie ; Hugues fit des dons au prieuré, Herbert, son frère, les contesta. Ensuite, il les ratifia en partie sous certaines conditions, ce qui porte à croire que ces deux frères ont géré en commun cette seigneurie ; il paraît qu’Herbert mourut sans être marié ou du moins sans enfant, Hugues de CHANTOCE avait épousé Elvise, il était mort ainsi qu’Herbert, son frère, avant l’an 1100.

Tiphaine de CHANTOCE, surnommée l’Anguille, fille de Hugues de CHANTOCE et de Elvise, fut mariée avec Maurice de CRAON 1er du nom, après la mort de son père et de son oncle, vers l’an 1100. Elle lui porta les terres de CHANTOCE, d’INGRANDES, et de celles de GENNES.

Après la mort de Maurice de CRAON, son mari, elle donna à Beugon PITOQUIN, mari de Julienne, une aumône que Hugues de CHANTOCE, son père, avait fait au prieuré, ce qui occasionna quelques différents entre les moines et ledit PITOQUIN. Tiphaine se remaria avec Simon de BEC-CRESPIN.

A cette époque, on perd le fil de la chronologie des seigneurs de GENNES ; on ne peut découvrir qui était ce Beugon PITOQUIN ; était-il étranger à Tiphaine, était-il son gendre, était-il gendre d’HEBERT, son oncle, ce qui n’est pas apparent, d’autant que suivant le cartulaire, on juge qu’HEBERT mourut sans enfant et que Tiphaine lui succéda ; ce PITOQUIN aurait-il acheté la terre de GENNES, ou lui en eut elle fait don ou plutôt d’une portion, qui, de là, aurait formé la seigneurie de MONTJEAN de GENNES, dont depuis le prieuré de GENNES a dépendu ; c’est une obscurité dans laquelle on tacherait en vain de fixer quelque opinion.

Toutes les chronologies s’accordent à ne donner à Maurice de CRAON avec Tiphaine qu’un fils, nommé Hugues ; peut-être eurent-ils des filles dont on n’a point fait mention et que quelqu’une d’elles aura eu cette terre de GENNES ; peut-être même aura-t-elle été partagée entre eux.

L’objet qu’on se propose est de rapporter la chronologie des seigneurs de MONTJEAN de GENNES ; cette seigneurie a pendant longtemps appartenu à des seigneurs particuliers et la seigneurie de GENNES, qui est le fief nommé SOUS-LE-PUY, était également la propriété d’un seigneur particulier ; et ce fief avait été tellement atténué qu’on ne peut le considérer que comme la huitième partie de la seigneurie de GENNES.

La seigneurie de GENNES, divisée en deux par l’emparagement d’Adèle, la moitié de ladite seigneurie est présumée avoir été possédée par Tiphaine l’Anguille, femme de Maurice CRAON.

Cette moitié fut encore partagée en deux parties. Et cette seconde division a formé la seigneurie de MONTJEAN de GENNES dont il s’agit.

La seigneurie de GENNES réduite à la quatrième partie, a encore été partagée, et c’est de ce second partage que c’est formé la seigneurie de la ROCHE de GENNES ; et néanmoins, cette seigneurie de la ROCHE n’eut point de part dans les droits de la seigneurie ; il y eut sans doute des arrangements à ce sujet, vu les inconvénients d’une subdivision si modique desdits droits ; et les seuls, où ladite seigneurie de la ROCHE a été fondée, sont le port et le four à ban.

La seigneurie d’ARGENTON, fondée dans la moitié des droits de la seigneurie de GENNES, n’a toutefois aucun intérêt dans le port et passage à bac, qui est un des droits principaux ; on présume que lors du parage d’Adèle de CHANTOCE, le port n’existait pas. Il n’aura été établi que depuis la construction de la levée ; et cette construction a eu lieu dans le cours du XIIe siècle et le parage est du XIe siècle. Les ports furent ordonnés par forme de police aux seigneurs hauts justiciers, pour l’utilité publique.

Le seigneur de GENNES aura fait seul les frais de cet établissement, auquel le seigneur de MONTREUIL-BELLAY aura négligé de participer, et à ce moyen, le seigneur de GENNES a acquis seul la possession de l’exercice du port et de la perception des droits qui en résultent.

Le port était ainsi établi lors de la seconde division de la seigneurie, au moyen de laquelle la seigneurie de MONTJEAN de GENNES a été formée en étant à la proportion de la moitié ; cette dernière a été fondée dans la moitié du port que dans le quart des autres droits, dont la moitié dépendait de la seigneurie d’ARGENTON réunie à MONTREUIL BELLAY.

Mais la seigneurie de GENNES, réduite à la quatrième partie par les deux divisions précédentes, a été encore subdivisée et de cette subdivision s’est formée la seigneurie de la ROCHE de GENNES, laquelle fut fondée dans la quatrième partie des droits du port ; et cette portion du port qui lui fut attribuée fut depuis arrentée au propriétaire de la seigneurie nommée SOUS-LE-PUY, moyennant la rente de 40 sols, laquelle rente est représentative de la valeur de la quatrième partie du port en ce temps, et au moyen du service de cette rente à la seigneurie de la ROCHE, le seigneur de SOUS-LE-PUY conserva la jouissance de la moitié des droits du port ; cette rente a été réduite à 7 sols 6 deniers par arrangement en 1488.

Cette seigneurie de la ROCHE ainsi formée contenait le domaine de la ROCHE, le moulin sur lequel la seigneurie de MONTJEAN avait des droits, le PATOIL en VALLEE, qui depuis a aussi été démembré de la ROCHE, et les fiefs et rentes qui en dépendent.

Il semble que cette portion de la seigneurie de GENNES, qui n’est que la huitième partie, a une valeur beaucoup considérable, et même au-delà de toutes les autres parties réunies ensemble ; cela vient de ce que cette partie de la ROCHE avait beaucoup de domaines dont la valeur a suivi la progression de celle des denrées , tandis que les autres seigneuries n’étaient composées pour ainsi dire que de rentes, dont la plupart était en argent ; leur valeur a été réduite pour ainsi dire à rien.

GIRAUD II BERLAY ET ADELE DE CHANTOCE

On ne peut donc pas reconnaître les seigneurs de MONTJEAN de GENNES dans le 12è siècle, temps où s’est formée cette seigneurie ; on voit dans la fondation de l’abbaye d’ASNIERES par Giraud II du BELLAY, seigneur de MONTREUIL-BELLAY, fils de BELLAY III et de Orgosola, et petit-fils de Giraud 1er et d’Adèle de CHANTOCE, laquelle fondation est de l’an 1133, que la seigneurie de GENNES était alors possédée par un nommé SARRAZIN.

 

Abbaye d’ASNIERES

Le site boisé, propriété du seigneur de Montreuil (Montreuil-Bellay), Giraud II Berlai, fut concédé dans un premier temps aux moines de Saint-Nicolas d'Angers. Ceux-ci s'en désintéressant, Bernard De Tiron (mort en 1117), compagnon de Robert d'Arbrissel (le fondateur de l'abbaye de Fontevraud), y établit un prieuré bénédictin, érigé en abbaye en 1129.

L'abbaye connaît une grande prospérité au Moyen Âge. Giraud II Berlai apporte en 1133 de riches présents à Asnières pour la construction d'une nouvelle église destinée à la sépulture des seigneurs de Montreuil. Grâce à cette générosité et avec les nouveaux progrès de l'art, un genre nouveau de construction apparaît, auquel on a donné le nom de gothique angevin ou style Plantagenêt. En 1137, Giraud indemnise les moines de Saint-Nicolas qui se souviennent alors de leurs droits et tentent de les faire valoir. Le déclin de l'abbaye s'amorce avec les guerres de religion (1562-1569). Montreuil-Bellay est une place forte et un arsenal pour les deux parties tour à tour. L'abbaye est pillée en 1569 par les Huguenots : 30 moines sont massacrés, les toitures brûlent avec le clocher, le cloître disparaît tout comme le réfectoire et le dortoir. Elle est partiellement restaurée avec l'abbé Verdier en 1635. Elle se tient à part des réformes religieuses et refuse son attachement aux nouvelles congrégations. En 1650, on ne compte plus que 6 moines. En 1746, l'abbaye n'a gardé que deux moines, elle est alors rattachée par concordat au collège des Jésuites de la Flèche. En 1790, elle est vendue comme bien national à Joseph de la Selle d'Echuilly. Il y construit une demeure qui brûle peu de temps après son achèvement. Il revend la propriété en parcelles qui sont alors vouée à l'agriculture. L'église est convertie en hangar à fourrage. En 1857, la nef est abattue pour y récupérer les pierres. En 1901, les ruines sont acquises par Monsieur Chappée et Monsieur de la Brière qui réhabilitent le monument. Des fouilles et des exhumations sont entreprises en 1902. L'édifice est classé au titre des monuments historiques le 10 février 1909. En 1950, Mr. Chappé en fait don au département de Maine-et-Loire. En 2012, le département du Maine-et-Loire fait part de son souhait de vendre l'abbaye. La commune de Cizay-la-Madeleine se porte acquéreur.

Giraud du BELLAY donna aux moines d’ASNIERES une partie de sa terre de GENNES dépendant de MONTREUIL-BELLAY, avec des rentes, et l’isle qui est commune avec SARRAZIN. On sait qu’Adèle avait eu en parage la moitié de la terre de GENNES, qu’à ce moyen les seigneurs de MONTREUIL-BELLAY ont toujours eu la moitié de tous les droits, qu’ils avaient la propriété et jouissance en indivis des isles de GENNES ; l’autre moitié de ladite seigneurie et des isles appartenait lors à un nommé SARRAZIN suivant cette fondation, laquelle toutefois n’a pas eu lieu ou du moins, a éprouvé des changements, les seigneurs de MONTREUIL-BELLAY ayant toujours continué depuis la jouissance de leur terre à GENNES et des isles qui en font partie ; l’abbaye d’ASNIERES y a possédé quelques rentes seulement, lesquelles n’existent plus.

Il est constant que des seigneurs du nom de SARRAZIN ont possédé pendant longtemps la seigneurie de la ROCHE de GENNES et du PATOIL EN VALLEE ; Emery SARRAZIN, chevalier, possédait le PATOIL en 1264, Robert SARRAZIN, chevalier, en était seigneur en 1450. La terre de la ROCHE et du PATOIL passé à Jeanne SARRAZIN, sa fille, mariée en première noce avec Jean de VALLEE, fils du seigneur de SOUS-LE-PUY, dont elle n’eut que des filles, et en seconde noce, elle épousa Louis de BOURNAN, dont elle eut un fils qui fut après elle seigneur de la ROCHE de GENNES et du PATOIL.

Les seigneurs de la ROCHE de GENNES n’ont jamais eu aucun droit dans les isles de GENNES, ce qui porterait à croire que les SARRAZIN possédaient en 1133 la moitié entière de la terre de GENNES, c’est-à-dire ce qui fait les fiefs de SOUS-LE-PUY, MONTJEAN et la ROCHE DE GENNE, ou du moins, la quatrième partie de la seigneurie de GENNES, qui est SOUS-LE-PUY et la ROCHE.

Par l’isle qui est commun entre SARRAZIN et la seigneurie d’ARGENTON de GENNES, suivant la fondation de l’abbaye d’ASNIERES, il ne faut pas entendre les isles de GENNES telles qu’elles sont aujourd’hui ; en ce temps-là, la levée n’existait pas ; par la construction des levées, le cours de la LOIRE a été rejeté vers les coteaux ; auparavant cette rivière avait son lit fort avant dans la vallée, derrière le bourg des ROSIERS ; et l’on croit être assuré que la rivière de VIENNE, qui avait aussi son cours dans la vallée, coulait derrière le lieu où est à présent le bourg des ROSIERS, au-delà de la pièce du domaine de la terre de FONTAINES ; on découvre encore les vestiges de son lit dans la pièce nommée FONTAINES, à peu près à l’endroit où est la maison presbytérale ; une troisième rivière avait son cours vers les coteaux ; c’était le THOUET venant de MONTREUIL BELLAY ; l’isle de la seigneurie était située entre les rivières de VIENNE et du THOUET ; c’était une vaste prairie sur laquelle les trois rivières ont été confondues dans un même lit par la construction de la levée ; et cette prairie a été pour ainsi détruite par le cours de ces rivières ; les isles de GENNES en sont les faibles restes.

Il faut observer que dans cette prairie sise entre les deux rivières de VIENNE et du THOUET, il y avait des arrières fiefs, c’est-à-dire que des vassaux de la seigneurie de GENNES en possédaient des parties, tels le baillage de GENNES, connu depuis sous le nom du fief de la ROYRIE, les FONTAINES, le PRIEURE, les LUCHEREAUX, les GAUDINIERES, l’ETANG, la PERRINE ; ce qui se trouve de ces prairies derrière la levée a été mis en culture ; sur une partie d’icelle s’est formé le bourg des ROZIERS ; c’est ce qui fait que ce bourg relève en partie des fiefs de la ROYRIE, tel l’église et ses environs, de celui des FONTAINES et de celui de la PERRINE dépendant anciennement de la terre de FONTAINES GUERIN, dont les seigneurs possédaient en cet endroit une prairie qu’ils relevaient de la seigneurie de GENNES, et c’est de cette prairie qu’est formé le fief des FONTAINES, paroisse des ROZIERS, qui comprend une partie du bourg et les domaines de ladite seigneurie des FONTAINES, sis derrière l’église.

On peut conjecturer que la seigneurie de GENNES a été possédée en 1133 par les SARRAZIN, qu’elle a été subdivisée entre eux, que celui qui a eu la partie de la ROCHE a continué de porter le nom de SARRAZIN, que celui qui a possédé le fief nommé SOUS-LE-PUY a pris le nom de GENNES, tel était le nom propre des seigneurs de SOUS-LE-PUY, dès le commencement du XIIIe siècle, où l’on voit qu’EUDES de GENNES avait fait bâtir une chapelle en vallée, dont a été formée l’église des ROSIERS ; en 1295, ladite seigneurie de SOUS-LE-PUY était possédée par Jean de GENNES, chevalier, auquel succéda Hamon de GENNES, lequel, vers l’an 1330, fonde avec Haremburge, sa femme, un anniversaire en l’église Saint-Maurice ; il paraît qu’ils n’eurent pas de garçon ; Johan de VALLEE leur succéda en la terre de SOUS-LE-PUY ; on n’a pas découvert s’il était gendre dudit Hamon ou son neveu.

On peut donc juger que le démembrement de la terre de GENNES par lequel s’est formée la seigneurie nommée depuis MONTJEAN de GENNES a eu lieu dans le cours du XIIe siècle ; on ne peut pas statuer s’il l’avait été avant l’an 1133, époque de la fondation de l’abbaye d’ASNIERES par le seigneur de MONTREUIL BELLAY par le seigneur de MONTREUIL BELLAY, par laquelle l’on connaît que SARRAZIN possédait communément et en indivis l’isle de GENNES avec ledit seigneur de MONTREUIL-BELLAY ; mais il se pouvait que ledit SARRAZIN n’en possédât que la quatrième partie, ce qui serait la partie nommée SOUS-LE-PUY ou s’il possédait la moitié de ladite isle ; le démembrement de MONTJEAN de GENNES n’avait pas encore été opéré.

Mais cette séparation de la seigneurie de MONTJEAN de GENNES existait au commencement du XIIIe siècle ; Pierre, seigneur de BEAUCAY en LOUDUNOIS possédait cette seigneurie ; il était marié avec Isabelle de CHATEAUBRIANT ; ils ratifièrent l’an 1238 le don de la terre de la PERRINE et de SAUGE aux moines de CUNAULT qui leur avait été fait par David de CHATEAUBRIANT, à la charge de la tenir de la seigneurie de GENNES à un cheval de service, duquel lesdits de BEAUCAY et Isabelle, sa femme, firent remise par l’acte de ratification ci-dessus.

Il se pourrait que ladite seigneurie de GENNES, c’est-à-dire le fief depuis nommé MONTJEAN, eut été possédé par ledit Pierre de BEAUCAY, du chef d’Isabelle de CHATEAUBRIANT, sa femme, que celle-ci eut été fille ou petite-fille de David de CHATEAUBRIANT, lequel avait fait le don aux moines de CUNAULT ; ceci ne peut être éclairci quoiqu’il en soit, on peut considérer comme constant que cette seigneurie de GENNES est entrée dans la main des seigneurs de BEAUCAY par quelque alliance.

La seigneurie de BEAUCAY relevait de la baronnie de Saint-CASSIEN en LOUDUNOIS, ainsi que la terre de GENNES ; les seigneurs de BEAUCAY devenus propriétaires de la seigneurie de MONTJEAN de GENNES, l’ont employée confusément avec ladite terre de BEAUCAY dans les aveux qu’ils ont rendus à Saint-CASSIEN, ou du moins dans leurs obéissances ; la seigneurie de GENNES est devenue comme membre de la seigneurie de BEAUCAY ; et lorsque la seigneurie de GENNES est par la suite sortie des mains des seigneurs de BEAUCAY, ils s’en sont réservés l’hommage à leur seigneurie de BEAUCAY, ce qui a eu lieu avant l’an 1313.

Comme l’on ne sait pas procurer la chronologie des seigneurs de BEAUCAY, on n’est pas certain qui fut le successeur de Pierre de BEAUCAY et d’Isabelle de CHATEAUBRIANT ; on voit que Perrot de BEAUCAY possédait la seigneurie de MONTJEAN de GENNES l’an 1295 à 1300 ; mais il y a eu un seigneur intermédiaire, de Piealfrre de BEAUCAY et Isabelle de CHATEAUBRIANT à PERROT ; en 1238, ils avaient déjà marié leur fille, Jeanne de BEAUCAY, avec Guy TURPIN DE CRISSE II du nom ; l’on voit que ces derniers ratifièrent la même année, en 1238, la fondation d’une chapelle dans l’église Saint-Martin de XXXX, par Guy TURPIN de CRISSE, 1er du nom, père dudit Guy II ; ainsi il n’est guère vraisemblable que Perrot de BEAUCAY, vivant encore en l’an 1300, fut fils dudit Pierre de BEAUCAY ET Isabelle de CHATEAUBRIAND ; on ne peut le considérer que comme leur petit-fils.

Après ledit Perrot de BEAUCAY, la seigneurie de MONTJEAN de GENNES passa à Jeaffray PEAN ; celui-ci la possédait avant 1313 ; on ignore si elle lui vint à titre d’hérédité ou s’il avait épousé la fille dudit Perrot de BEAUCAY ou autrement ; mais c’est l’époque où ladite seigneurie de MONTJEAN de GENNES a cessé d’être possédée par les seigneurs de BEAUCAY, lesquels s’en desservirent l’obéissance sous l’hommage qu’ils rendaient à Saint-CASSIEN, tellement que cette portion de la seigneurie de GENNES ne reporte plus à SAINT-CASSIEN que par le moyen de la seigneurie de BEAUCAY, mais depuis la seigneurie de BEAUCAY a été de reporter à SAINT-CASSIEN ; on ignore par quelle circonstance, elle relève maintenant directement du roi au château de LOUDUN ; à ce moyen, MONTJEAN DE GENNES n’est plus un arrière fief de Saint-CASSIEN ; et par ces différentes révélations, la baronnie de Saint-CASSIEN à qui reportait originairement la seigneurie entière de GENNES, ne conserve plus que la mouvance du fief de SOUS-LE-PUY et de la ROCHE de GENNES, ayant perdu celle de la seigneurie d’ARGENTON réunie et consolidée à celle de MONTREUIL-BELLAY, et celle de MONTJEAN devenue mouvance de BEAUCAY.

SOURCE : AD49 COTE 1 E 1226