DROITS HONORIFIQUES ET PREEMINENCES DANS L’EGLISE DE SAINT GEORGES DES SEPT VOIES

 

Pour la paroisse de Saint Georges des Sept Voies, les honneurs seigneuriaux paraissent avoir appartenu concurremment, mais sans non vives et fréquentes contestations,

  • En premier lieu au Seigneur de TREVES
  • Puis les seigneurs du PLESSIS-THIOUR, de la SANSONNIERE, de CUMERAY.

Les seigneurs possédaient des armoiries ; ils ont toujours voulu marquer leur pouvoir et la possession de leurs terres au moyen d'écussons. Ils les apposaient sur leur château ou manoir, sur les calvaires et les églises, ou encore sur d'autres édifices comme les colombiers. En effet, les terres nobles ou fiefs conféraient à leurs propriétaires des droits, des privilèges, des honneurs. Il fallait donc y imprimer sa marque.

L'église était certainement le lieu privilégié où ils pouvaient afficher leurs prééminences par rapport à leurs vassaux et leur puissance sur le peuple Le désir de paraître aux premiers rangs dans l'église et la recherche de certains honneurs rendus par le clergé amenèrent, entre seigneurs et gentilshommes, des querelles parfois ridicules, dans un lieu d'où les invectives et les violences auraient dû être à jamais bannies.

Les droits honorifiques dans les églises étaient les suivants :

1 - droits majeurs ou majores honores

  • Les armoiries

  • Droit de banc : avoir son banc à coffre ou à queue dans l'église près du choeur, de préférence du côté de l'évangile

  • Droit de sépulture : être enterré dans le sanctuaire c'est-à-dire près maître-autel dans le chancel. C'est donc là que l'on trouvera les enfeus des prééminenciers : tombes plates, tombes levées ou niches funéraires pratiquées dans la muraille.

  • Droit d'oratoire : disposer d'une chapelle privative et souvent close

  • Droit de litre : "La litre était une sorte de frises funéraire que l'on peignait intérieurement et extérieurement sur les murs d'une église lorsque le seigneur patron de cette église mourait". "lisière" ou "ceinture" est synonyme de litre.

2 - droits mineurs ou minores honores

  • le pain bénit : recevoir le pain bénit avant les autres fidèles

  • l'eau bénite : recevoir l'eau bénite par le prêtre

  • l'encensement : être encensé par le prêtre

  • la prière nominale : être nommé et recommandé à la prière publique des autres paroissiens

  • la procession : être reçu à l'église par le clergé qui se déplace en procession pour accueillir le seigneu

  • Contrairement à nos jours, les églises sous l’Ancien Régime n’étaient pas remplies de chaises et de bancs pour poser son séant. Seules les personnes aisées bénéficiaient de ce privilège, moyennant redevance, tandis que les gens ordinaires restaient debout pour écouter la messe. Détenir un banc permettait donc d’afficher son rang et de l’imposer aux manants du village

Les ADML nous donnent de précieux renseignements sur ces droits honorifiques, en l’église de Saint Georges des Sept Voies, qui provoquaient bien souvent des conflits et des contestations.

 





L’EGLISE DU PRIEURE DE SAINT GEORGES DES SEPT VOIES


  • Le seigneur de la SANSONNIERE, conformément à la transaction du 15 décembre 1676, pourra seulement mettre dans le chœur et chanzeau de l’église de Saint GEORGES des Sept Voies, au ras du carreau, une pierre tombale sur le lieu de la sépulture de ses prédécesseurs, sans aucune élévation et son banc au-dessous du lutrin vis-à-vis de l’endroit où était l’autel de Saint Martin.

  • Plus ledit seigneur du PLESSIS-THIOUR, doit conformément à la transaction du 19 mars 1636, reconnaître ledit seigneur Comte de TREVES, seigneur supérieur de la seigneurie de Saint Georges des Sept Voies, et que par concession des seigneurs de TREVES, les prédécesseurs seigneurs de ladite seigneurie du PLESSIS-THIOUR ont fondé et bâti l’église de Saint Georges des Sept Voies, en et au-dedans définir et limiter dudit Comté de TREVES, et pour raison de ce, les prédécesseurs dudit seigneur du PLESSIS et lui ensuite, ont retenu le droit de fondation et de patronage d’icelle, et qu’en cette qualité, ledit seigneur Comte de TREVES et fondé et lui appartiennent tous droits, honneurs et prééminence et prérogatives au-dessus dudit sieur du PLESSIS, et en conséquence de qu’il y aura et pour faire mettre litres timbrées contenant ses armes au-dedans et au dehors ladite église, au-dessus de celles dudit seigneur du PLESSIS, et encore ses armes dans le grand vitrail derrière le grand autel, aussi au-dessus de celles du seigneur du PLESSIS, et au regard de leur sépulture et banc, demeurera ledit sieur du PLESSIS, ses successeurs seigneurs dudit lieu du PLESSIS-THIOUR, dans le droit de sépulture et banc dans le chœur de ladite église de Saint Georges au-dessous de celle que ledit seigneur comte de TREVES et ses successeurs, seigneur dudit Comté voudront prendre et avoir, et qu’à cette fin, en prenant par ledit Sieur du PLESSIS ou ses successeurs, leur sépulture et banc dans le chœur de ladite église, ils laisseront place suffisante par privilège pour la sépulture et banc dudit seigneur Comte de TREVES et ses successeurs, comme tenant ledit droit de fondation par octroi qui leur a été fait par le seigneur de TREVES, seigneur supérieur en ladite église de Saint Georges des Sept Voies, et accordé par ladite transaction que ledit Seigneur du PLESSIS, rendant son aveu, audit seigneur comte de TREVES, il y emploiera les droits ci-dessus pour marque de supériorité.



NOTRE-DAME DE CUNAULT : CES PILIERS COMPORTENT UNE LITRE FUNERAIRE.
Une litre funéraire ou litre seigneuriale ou litre funèbre, ou encore ceinture funèbre ou ceinture de deuil était, sous l’Ancien Régime, une bande noire posée à l'intérieur et parfois même à l'extérieur d'une église pour honorer un défunt. Elle porte les armoiries du seigneur.



Le troisième chapitre du tome 8 du chartrier du Comté de TREVES renferme des titres par lesquels les seigneurs de TREVES, Patrons et fondateurs de l’église de Saint Georges des Sept Voies, ont concédé au seigneur de CUMERAY et du tiers par indivis des Baronnies de RICHEBOURG et Châtellenie du THOUREIL.

Un titre nous confirme que son altesse le Prince Sérénissime, Monseigneur le Prince de Condé, Patron et fondateur de l’église de Saint Georges des Sept Voies, à cause de la Baronnie de TREVES, au profit de François de LAUNAY, seigneur de CUMERAY, et par indivis, avec Mr le Duc de BRISSAC, des Baronnie de RICHEBOURG et Châtellenie du THOUREI,
Du droit de banc et sépulture dans le chœur de l’église de Saint Georges des Sept Voies, au côté gauche dudit chœur, devant l’effigie de Saint Martin

A condition que ledit banc sera chargé des armes dudit seigneur Prince, que lui Messire de LAUNAY et ses successeurs seront tenus de quitter ledit banc, toutes fois et quand ledit Seigneur Prince et ses successeurs Barons de TREVES viendront dans ladite église.

Qu’à lui, seigneur de LAUNAY et ses successeurs est accordé le droit de se faire enterrer dans le chœur de ladite église de Saint Georges, du côté dudit banc, et en cas qu’ils y fassent mettre quelques tombes, ne pourront être élevées au-dessus du carreau.

Aux charges et en outre de tenir ledit droit de la Baronnie de TREVES par aveu, à une paire d’éperons dorés, à mutation de seigneur, évaluée à 40 sols.

Nous avons donc appris que les seigneurs barons de TREVES jouissaient des droits seigneuriaux dans l’église de Saint Georges.

Par transaction du 16 mars 1636, ils abandonnèrent au seigneur du PLESSIS-THIOUR, à qui l’acte attribue la fondation primitive de l’église.

Mais cet accord souleva une vive procédure de la part du seigneur du THOUREIL qui possédait les ¾ de la paroisse.

Une supplique adressée à son Altesse Sérénissime Monseigneur le Prince de Condé par François de LAUNAY, écuyer, seigneur de CUMERAY ; il montre très humblement à S.A.S que pendant la baronnie et châtellenie de RICHEBOURG et du THOUREIL dont il est seigneur par indivis avec Mr le Duc de BRISSAC était en litige qui a duré vingt, trente ans

 

Les précédents seigneurs de la baronnie de TREVES se sont attribués les droits des seigneurs fondateurs de la paroisse de Saint Georges des Sept Voies et en même temps, favoriser les prédécesseurs du seigneur du PLESSIS RAGANNE, seigneur du PLESSIS THIOUR, avec Messire Hilaire de LAVAL, seigneur baron de TREVES, en qualité de gentilhomme, feignirent ensemble un procès sur lequel ils transigèrent par acte passé en 1636, par lequel ledit du PLESSIS THIOUR reconnaît ledit seigneur baron de TREVES, seigneur supérieur de ladite seigneurie de Saint Georges des Sept Voies, et c’est par concession des anciens barons de TREVES que ses prédécesseurs seigneurs de THIOUR ont fondé et bâti ladite église de Saint Georges des Sept Voies dans l’étendue de ladite baronnie de TREVES et ont retenu le droit de fondation et patronage, et qu’en cette qualité de seigneur supérieur de ladite seigneurie de Saint Georges des Sept Voies, appartient au seigneur baron de TREVES, tous droits d’honneurs et prééminences, prérogatives dans ladite église au-dessus du PLESSIS THIOUR, et qu’en conséquence, ledit seigneur baron de TREVES y aura et pourra faire mettre litre timbrée contenant ses armes au-dedans et au dehors de ladite église, au-dessus de celle dudit PLESSIS, et encore ses armes dans le grand vitrail derrière le grand autel…….

Le tout à la charge que ledit seigneur de THIOUR emploiera à l’aveu qu’il doit à TREVES, ledit droit ci-dessus pour marque de supériorité, laquelle transaction ne peut donner aux parties ci-dénommés au préjudice du seigneur du THOUREIL absent. Et il est aisé de comprendre par la seule lecture de cet acte que ce n’était qu’un procès simulé sur lequel ils transigeait pour s’attribuer des droits qui appartenaient au seigneur du THOUREIL ; mais le respect qu’il a toujours eu pour S.A.S même pendant son absence et dont il souhaiterait pouvoir lui donner des marques, l’oblige à avoir recours à elle, pour en ordonner sa volonté après lui avoir très humblement remontré et déduit ses droits en ladite église ; pourquoi il estime qu’il suffit de produire les aveux de ladite baronnie et châtellenie du THOUREIL rendus au Roi à cause de son château de SAUMUR, en l’an 1550 et l’autre, en 1583, qui portent que les seigneurs du THOUREIL sont seigneurs fondateurs et dotateurs des églises qui s’ensuivent, c’est à savoir, de l’église et monastère de Saint MAUR sur Loire, ordre de Saint Benoît, de Saint Georges des Sept Voies, RICHEBOURG et le THJOUREIL, et le prieuré de BESSE, étant constant que ladite église de Saint Georges des Sept Voies est construite dans l’étendue de la féodalité du THOUREIL, que toute la paroisse en relève, tant en fief qu’arrière fief, à l’exception de deux fiefs, savoir, celui de la SANSONNIERE et du PLESSIS THIOUR, qui relèvent de votre baronnie de TREVES, que dans toute ladite paroisse, les seigneurs du THOUREIL ont haute, moyenne et basse justice et tous droits appartenant à seigneur baron suivant la coutume d’Anjou, droit de tenir foire devant ladite église, le jour de St Georges, et d’y faire vendre vin sans que personne le puisse faire et d’y prendre les droits d’étalage, lesquels droits n’ont jamais été contestés, que la mesure est celle du THOUREIL, que le gros du curé et celui du prieur se paient à ladite mesure, comme aussi les rentes dont ledit prieur de Saint Georges la fait savoir, enfin, pour conclure, la preuve des droits desdits seigneurs du THOUREIL, ils ont encore à présent leur poteau dans la place publique de la foire et paraît encore un écusson de leurs armes dans le vitrail qui est au coin du côté de l’Evangile de la dite église de Saint Georges, lesquels droits de prééminence en ladite église, ledit de CUMERAY renonce, même offre de contribuer tant qu’il pourra à votre seigneurie.

Il lui demande seulement qu’il lui plaise à lui accorder et concéder le droit de banc et sépulture que le seigneur baron de TREVES s’est réservé par ladite transaction en ladite église de Saint Georges dont S.A.S sera toujours reconnu seigneur supérieur, tant par la litre de ses armes qui restera dehors et dedans, que parce que ledit CUMERAY offre relever ladite concession de droit de banc et de sépulture de la baronnie de TREVES, à quel devoir il lui plaira et s’en tenir par aveu pour satisfaire la passion qu’il a d’acquérir l’honneur d’être son sujet.

SIGNE : François de LAUNAY

Le 5 septembre 1674, un acte par lequel Maître CHOTARD, procureur général de très haut et puissant prince Messire Louis Duc de Bourbon, prince de Condé, premier Prince du sang, et autres, marchande une ouverture en voûte à faire dans le mur du chœur de l’église de Saint Georges des Sept Voies, du côté de l’évangile, pour y placer le banc de Son Altesse Sérénissime Monseigneur le Prince, en qualité de patron et fondateur de ladite église, à cause de la baronnie de TREVES.
Le 19 janvier 1674, un second acte par lequel Jacques de LAUNAY, écuyer, seigneur de CUMERAY, et pour partie de la Baronnie du THOUREIL, déclare que le marché ci-dessus fait par ledit Sieur CHOTARD, a été pour faciliter la concession que mon dit seigneur le Prince lui a été faite de mettre un banc chargé des armes de Son Altesse Sérénissime en ladite église, pour l’occuper préférablement à tous autres, aux conditions portées par ladite concession

Différents mémoires et extraits de titres, tant des seigneurs de TREVES, du PLESSIS THIOUR en la paroisse de Saint Georges, que de la baronnie de RICHEBOURG et châtellenie du THOUREIL, au sujet des droits de fondation et prééminence de l’église de Saint GEORGES des SEPT VOIES, prétendus par les seigneurs de TREVES et de RICHEBOURG LE THOUREIL


Les seigneurs de TREVES par transaction de 1636 ont concédé au seigneur du PLESSIS THIOUR le droit de sépulture et banc dans le chœur de l’église de Saint GEORGES, en laissant par lui place suffisante pour la sépulture pour la sépulture et banc du seigneur baron de TREVES

Et pareil droit de sépulture et banc a été concédé au seigneur de CUMERAY et de la tierce partie par indivis de la baronnie de RICHEBOURG et châtellenie du THOUREIL par acte du 18 décembre 1673.

Suivant une lettre missive de Monseigneur de MONSABERT, seigneur de RICHEBOURG et du THOUREIL, du 18 octobre 1684, il s’en rapporte au conseil de son Altesse sérénissime, Monsieur le Prince de CONDE, baron de TREVES, de décider auquel de lui ou dudit seigneur prince doit appartenir la fondation de ladite église de Saint Georges.

Une procédure entre les seigneurs du PLESSIS THIOUR et de la Baronnie de RICHEBOURG et le THOUREIL par laquelle ce dernier, Messire Claude Le MAISTRE, seigneur de MONSABERT, conseiller en la Grande Chambre du Parlement, conclut à être maintenu au droit de mettre le ban à vendanger dans l’étendue de la baronnie du THOUREIL et châtellenie de MONSABERT, même dans la paroisse de Saint GEORGES des SEPT VOIES, dont ledit seigneur se qualifie fondateur.

Ensemble, conclut à ce que ledit seigneur ledit seigneur du PLESSIS soit condamné d’ôter le banc dans le chœur de ladite église de Saint GEORGES et effacer la ceinture funèbre qui est au-dedans de ladite église aux armes de la Dame dudit lieu du PLESSIS.

A laquelle procédure est jointe une requête d’intervention de Monseigneur le Prince Baron de TREVES, par laquelle il conclut à être maintenu et gardé aux droits honneurs et prééminences, prérogatives, tant au-dedans qu’au dehors de ladite église et d’avoir un banc dans le chœur d’icelle, et de donner le ban de vendanger dans ladite paroisse de Saint-GEORGES.

Les seigneurs du PLESSIS THIOUR, bien que huguenots, possédaient le droit de litre et de banc en l’église de Saint GEORGES des SEPT VOIE, depuis le 19 mars 1636.

Dans les titres que nous avons pu consulter, c’est le reproche que font les seigneurs de MONSABERT aux seigneurs du PLESSIS ; Ces seigneurs du PLESSIS THIOUR sont huguenots, de religion prétendue réformée, à savoir la religion protestante sous l’Ancien Régime.

En voici quelques exemples, extraits de la Chambre des Comptes…

  • En 1449, aveu de la Baronnie de RICHEBOURG LE THOUREIL par lequel appert que le Baron dudit lieu est fondateur de ladite église.

  • En 1550 et 1583, deux autres aveux confirmant la fondation de cette église.

  • Le 1er octobre 1488, testament d’une Dame du PLESSIS THIOUR par lequel elle lègue quatre boisseaux de bled de rente à l’église de Saint Georges, pour avoir permission d’y être enterrée.
    Si elle avait été fondatrice, elle aurait été enterrée dans le chœur sans rien payer.

  • Le 23 septembre 1636, expédition de l’Assise du Petit Vendor, par laquelle appert que Charles du BELLAY, seigneur du PLESSIS THIOUR, s’est fait excuser d’y comparaître, attendu qu’il était au service du seigneur Hilaire de LAVAL, baron de TREVES,
    NOTA : c’est la même année en laquelle a été passée la transaction par laquelle ce Maître fait un don à son domestique huguenot, de droits dans une de ses églises, dont cet hérétique ne pouvait jouir, libéralité faite aux dépens des seigneurs du THOUREIL.


TEMPLE PROTESTANT DE SAUMUR  –  LITHOGRAPHIE VERS 1850
La ville de Saumur, devient à partir de 1589 une place forte du protestantisme
suite au rapprochement entre le roi Henri III et Henri de Navarre.

 

Le désir de paraître aux premiers rangs dans l’église et la recherche de certains honneurs rendus par le clergé amenèrent, entre les seigneurs, des querelles parfois ridicules, dans un lieu où les invectives et les violences auraient dû être à jamais bannies.